Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de buridan.over-blog.com
  • : "Avec nous, Fracturés grandioses! Orateurs de tous bords et débords! Scissurés majeurs du Rolando à Flots! Oui! Avec nous pour nous aérer le maboul des nerfs que coince notre bourrichon bridé! Pour nous oxygéner la gnognotte et le rien du rien! Pour nous permettre de respirer un brin! De reprendre souffle, avant de laisser s'exprimer, plein tube, tout ce qui est en nous enfoui: le rapetitit grand style et le gnangnan virtuose; l'idiotie à coulisse et le traviole trois étoiles!" (j.p. W)
  • Contact

Profil

  • buridan.over-blog.com
  • Le doute est le sel de l'esprit, sans la pointe de doute, toutes les connaissances  sont bientôt  pourries. .......
Le doute n'est pas au-dessous  du savoir, mais au-dessus. (Alain)
  • Le doute est le sel de l'esprit, sans la pointe de doute, toutes les connaissances sont bientôt pourries. ....... Le doute n'est pas au-dessous du savoir, mais au-dessus. (Alain)

Archives

27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 13:12

 DUCHESNE 0001

Né en nonante deux, nom de Dieu,

Mon nom est Père Duchesne

Né en nonante deux, nom de Dieu,

Mon nom est Père Duchesne

Marat fut généreux, nom de Dieu,

A qui porta haine, sang Dieu!

Je veux parler sans gène, nom de Dieu

Je veux parler sans gè-è-è-ne

le-gueux-a58467ba-1419-45f4-bdbb-2acb5970a0e9

 

             II

Coquins, filous, peureux, nom de Dieu,

Vous m'appelez canaille

Coquins, filous, peureux, nom de Dieu,

Vous m'appelez canaille

Dès que j'ouvre les yeux, nom de Dieu,

Jusqu'au soir je travaille, sang Dieu!

Et je couche sur la paille, nom de Dieu,

Et je couche sur la pa-a-aille!

Delft plaque Les Gueux

             III

On nous promet les cieux, nom de Dieu,

Pour toute récompense

On nous promet les cieux, nom de Dieu,

Pour toute récompense

Tandis que ces messieurs, nom de Dieu,

S'arrondissent la panse, sang Dieu!

Nous crevons d'abstinence, nom de Dieu,

Nous crevons d'abstinen-en-en-ce!

21

 

             IV

Pour mériter les cieux, nom de Dieu,

Voyez vous ces bougresses

Pour mériter les cieux, nom de Dieu,

Voyez vous ces bougresses

Au vicaire le moins vieux, nom de Dieu,

S'en aller à confesse, sang Dieu!

Se faire peloter les fesses, nom de Dieu

Se faire peloter les fe-e-e-sses!

Save2.jpg

             V

Quand ils t'appellent gueux, nom de Dieu!

Sus à leur équipage,

Quand ils t'appellent gueux, nom de Dieu!

Sus à leur équipage,

Un pied sur le moyeu, nom de Dieu!

Pour venger cet outrage, sang Dieu!

Crache leur au visage, nom de Dieu!

Crache leur au visa-a-a-ge!

Save5

             VI

Si tu veux être heureux, nom de Dieu,

Pends ton propriétaire

Si tu veux être heureux, nom de Dieu,

Pends ton propriétaire

Coupe les curés en deux, nom de Dieu,

Fous les églises par terre, sang Dieu!

Et l'bon Dieu dans la merde, nom de Dieu,

Et l'bon Dieu dans la me-e-e-rde!

21_Dore_ill-1.jpg

             VII

Peuple trop oublieux, nom de Dieu,

Si jamais tu te lèves

Peuple trop oublieux, nom de Dieu,

Si jamais tu te lèves

Ne sois pas généreux, nom de Dieu,

Patrons, bourgeois et prêtres, sang Dieu!

Méritent la lanterne, nom de Dieu

Méritent la lante-er-er-ne!

DUCHESNE 0173

Partager cet article
Repost0
26 août 2014 2 26 /08 /août /2014 08:23

Il pleut dans ma tête sur mon corps sur ma ville

La pluie égrène son long flot de bile

Cette lenteur doucereuse des gouttelettes perlées

Qui soumet mon cœur aux langueurs étalées

CIMG1850

Oh Homme c’est la nature qui répond à tes actes déments

Et te prépare aux grands désenchantements

Sans conscience ta charge tonne elle dérègle le monde

Espèces sacrifiées banquise glacier et pôles qui fondent

index-copie-1.jpg

Regarde-les ces guignols prétentieux

Et pleure sur leur zèle capricieux

Pendant que cristallisent les futurs alarmants

Nos bedus politiques changent de gouvernement

Flanby.jpg

Partager cet article
Repost0
17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 08:54

DSCI0355

« Promis, juré je serai là à neuf heures ! »

Je sais, hélas, que trop, ce que veut dire un tel serment !

J’attendrai…

Une heure ou deux, ou trois de bloquées, où il est impossible de prévoir, d’envisager, de programmer…

En résumé, une journée de foutue !

DSCI0357

J’attends….

Je le sais, ou plutôt je crois le savoir…

Tu aimes que l’on te désire…

C’est pour que je te désire que tu me fais attendre !

Le "quart" de retard de l’amoureuse, dit-on !

Le petit jeu pervers de la séduction ?!

DSCI0389

J’attends…

Je sais, cela n’est rien pour toi…

Puisque je n’existe qu’en fonction de toi !

DSCI0394

J’attends ….

Je suis le patient en souffrance…

Celui qui ne peux ni lire …

Ni  faire quoique ce soit !

Le malade dans l’attente du remède…

Le "remède" qui n’arrive pas !

DSCI0392

J’attends…

Mais n’as-tu pas de crainte confuse aussi ?

N’aurais-tu pas peur de moi pour ainsi décaler, systématiquement, un rendez-vous ?

Suis-je si intimidant, si effrayant ?

Ou bien, as-tu une si faible estime de toi que notre face à face t’est devenu improbable ???

DSCI0393

J’attends …

Seras-tu ennuyée quand, enfin, tu paraîtras ?

T’excuseras-tu ?

Me feras tu un signe de regret ?

DSCI0404

J’attends…

J’attends…

J’attends…

………………..

La porte s’ouvre…

Enfin !

Un clair-obscur dessine ton regard qui fuit…

« Bonjour…

………………….

….Et tes chats, comment vont-ils ? »

DSCI0411Ouaff! Ouaff!

Partager cet article
Repost0
16 août 2014 6 16 /08 /août /2014 12:24

 

Ne pense pas !

Ne bouge pas !

Ne respire pas !

Là !

Tu restes là !

Ecureuil.jpgMalgré tout !

Ta présence sert un rôle.

Elle modifie les choses comme l’aile du papillon !

Abeille et papillon importuné

Immobile…

Tu reçois encore…

Et tu donnes…

Ta présence à l’autre est !

Et toi tu es par la conscience de l’autre !

DSCI0196Le monde autour de toi vrombit !

Reclus - toi ou lui ? - il te parle.

Ses mots sont quotidiens…

Et les maux du quotidien te façonnent…

Celui qui souffre là-bas tu le ressent…

Ton frère !

Celui qui s’inquiète, qui vibre du même élan que toi !

Et ce n’est pas qu’un homme… non !

Ce peut être une fleur, un oiseau, un insecte, une amibe !

DSCI0473

Eux ce sont tes contemporains ! Vrai !

Le fer qui coule dans tes veines, l’eau qui te constitue

Vibrent comme pour eux en harmonie avec la montagne et l’océan…

Alors….

Ne bouge pas…

Reste dans le monde !

Je suis toi… Tu es moi…

Nous sommes…

458463main pia13163

 

Pourtant l’aiguille court au cadran de l’horloge…

Quelle heure est-il ? Neuf heures ! Déjà !

Broum ! Broum !

3-curiosityrov

Le bilan financier mensuel n’attend pas !

L’utilitaire !

J’adore Adam Smith, Bentham, Condillac, Weber (le Max !) et Taylor…

My Taylor is rich!

Burns cliff

Et moi j’espère rejoindre les quelques milliardièmes de Gaïa qui jouent à « qui a plus » !

Ces quelques qui volent et spolient, et polluent… Et qui tuent !

Les « spirituels » qui volent au-dessus des contingences…

Ceux qui méprisent les simples…

Et qui se moquent du vivre ensemble, du plaisir de tous les partages !

Le culte de la « main invisible » leur est une si ineffable inspiration !

9a5a7adf58 Mars Opportunity Myrtilles 2006 1024

 

Alors je bouscule, j’écrase, je méprise!

La fleur, l’oiseau, l’insecte, l’amibe et l’Homme !

Je suis moi !

Rien ne compte que moi !

« Bientôt chef ? »

« J’espère ! »

Mars Valles Marineris EDIT

Partager cet article
Repost0
31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 20:06

CIMG1888

Avant de la rencontrer j'errais autour d'elle.
J’allais vieux voyageur sans asile
Maintenant j’attends le soir où chacun rentre chez soi
Moi assis sur le seuil je compte les étoiles
j'attends l'aurore dont la jeunesse est une insulte à mes cheveux
CIMG1894
je me rappelle ces temps où je me levais pour écrire
A l’aurore que je venais de quitter
A peine y vois-je assez pour tracer mes lettres
A la sombre lueur des rayons déjà hauts
Ou vais-je la retrouver sur quelle promenade déserte


CIMG1889
Au matin de ma couche je promène mes regards sur les heures
Je me demande pourquoi l’aurore parait ici
Quelle joie m'est-il encore possible de lui offrir
Je me créé ce fantôme de femme pour l'adorer
Je m'épuise à rêver l’aurore hors de mon âge


 

CIMG1905

Partager cet article
Repost0
18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 16:00

Petit mot d'actualité:

Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ; j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé ; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.' (Matthieu, 25)

C'est l'intellect aveugle, sourd et muet qui affame, rejette, laisse nu, malade et seul.

Toutes les formes d'amour valent mieux que l'indifférence.
L'héritage des gènes doit être transcendé par l'amour...
L'enfant ne doit pas être affamé, rejeté et seul...
L'amour, quelque soit son genre, offre le regard, la parole de tous les justes...
L'enfant entre deux femmes, entre deux hommes, qui ont choisi de l'aimer, de lui donner à manger, de lui offrir le monde, de le vêtir a trouvé une famille...
L'amour c'est la justice et la fraternité.

 

Le Cantique des Cantiques nous dit la nécessité d'être deux, deux simplement, pour que l'amour soit... simplement...

C'est, pour moi, le plus beau poème.

 

Ton amour vaut mieux que le vin,

Ton nom est un parfum qui se répand

 1250 0 Chagall Schoepfung

Dis-moi, ô toi que mon cœur aime, où tu fais paître tes brebis, où tu les fais reposer à midi.

Tes joues sont belles au milieu des colliers, ton cou est beau au milieu des rangées de perles.

20 CHAGALL CANTIQUE DES CANTIQUES 5B NICE Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe, qui repose entre mes seins.

Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troëne des vignes d'En-Guédi.

 

Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes.

Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimable! Notre lit, c'est la verdure. Les solives de nos maisons sont des cèdres, nos lambris sont des cyprès.

tumblr mbe1puhXiP1rnfvefo1 500

Je suis un narcisse de Saron, un lis des vallées, comme un lis au milieu des épines.

Telle est mon amie parmi les jeunes filles. Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt. Tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. J'ai désiré m'asseoir à son ombre,

 

Il m'a fait entrer dans la maison du vin, et la bannière qu'il déploie sur moi, c'est l'amour.

Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins, fortifiez-moi avec des pommes, car je suis malade d'amour.

 

Que sa main gauche soit sous ma tête, et que sa droite m'embrasse!

 2020chagall20196120le20paradis20detail220nice20m20chagall-1

Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs, ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, avant qu'elle le veuille.

 

C'est la voix de mon bien-aimé! Le voici, il vient, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. Mon bien-aimé est semblable à la gazelle ou au faon des biches. Le voici, il est derrière notre mur. Il regarde par la fenêtre, il regarde par le treillis.

Mon bien-aimé parle et me dit: lève-toi, mon amie, ma belle, et viens! Car voici, l'hiver est passé; la pluie a cessé, elle s'en est allée. Les fleurs paraissent sur la terre. Le temps de chanter est arrivé. Et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes. Le figuier embaume ses fruits et les vignes en fleur exhalent leur parfum.

20 CHAGALL CANTIQUE DES CANTIQUES 3C NICE

Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens! Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher,

Qui te caches dans les parois escarpées. Fais-moi voir ta figure, fais-moi entendre ta voix.

Car ta voix est douce, et ta figure est agréable.

Avant que le jour se rafraîchisse et que les ombres fuient, reviens!... Sois semblable, mon bien-aimé à la gazelle ou au faon des biches,

 

chagall 2

Sur les montagnes qui nous séparent, sur ma couche, pendant les nuits j'ai cherché celui que mon cœur aime.

Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé...

Je me lèverai, et je ferai le tour de la ville dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon cœur aime...

Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé.

Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée: avez-vous vu celui que mon cœur aime? A peine les avais-je passés que j'ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l'ai saisi, et je ne l'ai point lâché jusqu'à ce que je l'aie amené dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m'a conçue.

chagall6

Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs, ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour avant qu'elle le veuille.

 

Qui est celle qui monte du désert comme des colonnes de fumée au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens et de tous les aromates des marchands?

chagall-au-dessus-de-la-ville

Que tu es belle, mon amie, que tu es belle!

Tes yeux sont des colombes. Derrière ton voile.

Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.

Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues qui remontent de l'abreuvoir. Toutes portent des jumeaux, aucune d'elles n'est stérile.

Tes lèvres sont comme un fil cramoisi et ta bouche est charmante.

Ta joue est comme une moitié de grenade derrière ton voile.

Ton cou est comme la tour de David bâtie pour être un arsenal. Mille boucliers y sont suspendus. Tous les boucliers des héros.

Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d'une gazelle qui paissent au milieu des lis.

chagall - Green Lovers. Date unknown. Gouache, oil on paper

Avant que le jour se rafraîchisse et que les ombres fuient, j'irai à la montagne de la myrrhe

et à la colline de l'encens.

 

Tu es toute belle, mon amie et il n'y a point en toi de défaut.

 

Tu me ravis le cœur, ma sœur, ma fiancée, tu me ravis le cœur par l'un de tes regards par l'un des colliers de ton cou.

 

 

Que de charmes dans ton amour, ma sœur, ma fiancée!

Comme ton amour vaut mieux que le vin.

Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates!

Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée.

Il y a sous ta langue du miel et du lait.

Et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban.

Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée,

Une source fermée, une fontaine scellée une fontaine des jardins, une source d'eaux vives des ruisseaux du Liban.

Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers avec les fruits les plus excellents.

Les troënes avec le nard. Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome, avec tous les arbres qui donnent l'encens la myrrhe et l'aloès avec tous les aromates.

20 CHAGALL LE CANTIQUE DES CANTIQUES 1B DETAI

Lève-toi, aquilon! viens, autan! Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent!

Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu'il mange de ses fruits excellents!

 

J'entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée. Je cueille ma myrrhe avec mes aromates,

Je mange mon rayon de miel avec mon miel. Je bois mon vin avec mon lait...

 

Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour!

Chagall, Les Mariés de la Tour Eiffel 1938f

J'étais endormie, mais mon cœur veillait... C'est la voix de mon bien-aimé, qui frappe !

 

Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite!

Ma tête est couverte de rosée, mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit.

J'ai ôté ma tunique; comment la remettrais-je? J'ai lavé mes pieds; comment les salirais-je?

anniversaire Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre, et mes entrailles se sont émues pour lui.

Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé et de mes mains a coulé la myrrhe, de mes doigts, la myrrhe répandue sur la poignée du verrou.

J'ai ouvert à mon bien-aimé…

J'étais hors de moi, quand il me parlait.

Mais mon bien-aimé s'en était allé, il avait disparu

Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé;

Je l'ai appelé, et il ne m'a point répondu.

Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontrée.

Ils m'ont frappée, ils m'ont blessée;

Ils m'ont enlevé mon voile, les gardes des murs.

Je vous en conjure, filles de Jérusalem si vous trouvez mon bien-aimé, dites lui que je suis malade d'amour.

20 CHAGALL LE CANTIQUE DES CANTIQUES 1C DETAI

Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre O la plus belle des femmes?

Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre pour que tu nous conjures ainsi?

 

Mon bien-aimé est blanc et vermeil. Il se distingue entre dix mille.

Sa tête est de l'or pur. Ses boucles sont flottantes, noires comme le corbeau.

Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux se baignant dans le lait, reposant au sein de l'abondance.

Ses joues sont comme un parterre d'aromates, une couche de plantes odorantes.

Ses lèvres sont des lis d'où coule la myrrhe.

Ses mains sont des anneaux d'or garnis de chrysolithes.

Son corps est de l'ivoire poli couvert de saphirs.

Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc posées sur des bases d'or pur.

Son aspect est comme le Liban, distingué comme les cèdres.

Son palais n'est que douceur et toute sa personne est pleine de charme.

Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami,

tumblr m7oed6GZpb1ruj890o4 1280 Où est allé ton bien-aimé,

De quel côté ton bien-aimé s'est-il dirigé?

Nous le chercherons avec toi.

 

Mon bien-aimé est descendu à son jardin au parterre d'aromates pour faire paître son troupeau dans les jardins et pour cueillir des lis.

 

Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi;

Il fait paître son troupeau parmi les lis.

chagall 3N

Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, mais terrible comme des troupes sous leurs bannières.

Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent.

Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues aux flancs de Galaad.

Tes dents sont comme un troupeau de brebis qui remontent de l'abreuvoir. Toutes portent des jumeaux. Aucune d'elles n'est stérile.

Ta joue est comme une moitié de grenade, derrière ton voile...

Belle comme la lune, pure comme le soleil, mais terrible comme des troupes sous leurs bannières?

chagall-copie-1

Je suis descendue au jardin des noyers pour voir la verdure de la vallée, pour voir si la vigne pousse, si les grenadiers fleurissent.

 

Reviens, reviens, Sulamithe! Reviens, reviens, afin que nous te regardions.

 

Qu'avez-vous à regarder la Sulamithe comme une danse de deux chœurs?

3442909 1 Marc Chagall Rachels Grabmahl 1966 l auf Leinwand

Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince!

Les contours de ta hanche sont comme des colliers oeuvre des mains d'un artiste.

Tes hanches sont une coupe arrondie où le vin parfumé ne manque pas.

Ton corps est un trésor de froment, entouré de lis.

Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d'une gazelle.

Ton cou est comme une tour d'ivoire.

Tes yeux sont comme les étangs de Hesbon près de la porte de Bath-Rabbim.

Ton nez est comme la tour du Liban qui regarde du côté de Damas.

Ta tête est élevée comme le Carmel.

Et les cheveux de ta tête sont comme la pourpre. Un roi est enchaîné par des boucles!...

ojdCopie de bgLe Cantique des cantiques 4 Que tu es belle, que tu es agréable, O mon amour, au milieu des délices!

Ta taille ressemble au palmier et tes seins à des grappes.

Je me dis: je monterai sur le palmier. J'en saisirai les rameaux!

Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, le parfum de ton souffle comme celui des pommes et ta bouche comme un vin excellent qui coule aisément pour mon bien-aimé et glisse sur les lèvres de ceux qui s'endorment!

the-painter-to-the-moon-1917 Je suis à mon bien-aimé et ses désirs se portent vers moi.

Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs.

Dès le matin nous irons aux vignes.

Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s'ouvre, si les grenadiers fleurissent.

Là je te donnerai, mon amour, les mandragores qui répandent leur parfum,

Nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits, nouveaux et anciens:

Mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi.

DSC08933-copie-1

Oh! que n'es-tu mon frère allaité des seins de ma mère!

Je te rencontrerais dehors, je t'embrasserais et l'on ne me mépriserait pas.

 

Je veux te conduire, t'amener dans la maison de ma mère.

Tu me donneras tes instructions et je te ferai boire du vin parfumé, du moût de mes grenades.

 

Que sa main gauche soit sous ma tête et que sa droite m'embrasse!

 

Je vous en conjure, filles de Jérusalem ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour avant qu'elle le veuille.

tumblr mat2sfiUUj1qaykjlo1 500

Qui est celle qui monte du désert appuyée sur son bien-aimé?

 

Je t'ai réveillée sous le pommier. Là ta mère t'a enfantée. C'est là qu'elle t'a enfantée, qu'elle t'a donné le jour.

Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras.

Car l'amour est fort comme la mort, la jalousie est inflexible comme le séjour des morts;

Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de l'Eternel.

Les grandes eaux ne peuvent éteindre l'amour et les fleuves ne le submergeraient pas.

04005b marc chagall

Si un homme offrait tous les biens de sa maison contre l'amour, il ne s'attirerait que le mépris.

 

Fuis, mon bien-aimé!

Sois semblable à la gazelle ou au faon des biches sur les montagnes des aromates!

tumblr mayx04gb9A1rhp4nco1 500

Partager cet article
Repost0
13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 14:34

Il y a bien longtemps que j’ai lu Daudet…

Et parmi les joyaux des lettres qu’il nous envoya de son moulin, il en est une qui est restée profondément inscrite en ma mémoire : « La légende de l’homme à la cervelle d’or ».

Pourquoi ? 

Je ne saurais le dire…

img-264.jpg

Ou plutôt, je m’en doute, et en ressens le sens et la tristesse très douloureusement...

Car cette légende nous peint le monde dans ses couleurs véritables : de lucre, d’envie et de mépris…

Comme l’Alphonse, je m’en remets à vous Madame…

C’est à vous, oui, que je m’adresse en écrivant ces lignes.

Vous, Madame, que j’ai autrefois connu et qui, lointaine, m’avez laissé cloué, m’avez délaissé pour des galoches cloutées, pour des avantages numéraires auxquels je ne pouvais faire face, pour trop de rêves, pour mon manque de lucidité,  pour cette éternelle tristesse qui pèse sur mon coeur, pour mon absence d’ambition que vous disiez maladive, pour mon indifférence au monde et à ses vanités, pour ma maison trop vieille, pour mes choix trop modernes…Daniel-BARKLEY---PORTRAITS-6.png

Comme le poète, je m’en veux aujourd'hui, dans les landes dorées par les jolis feux de l’automne, d’avoir le cœur un tantinet morose, en teinte demi deuil au milieu des solognes un peu trop dévastées…

Et de vous dire ceci.

La nature aujourd’hui exprime ici, loin des contrastes lumineux de la belle provence, des sanglots longs sur les clairières nombreuses.

On dépèce, on taille, on coupe, on meurtrit la nature…

On laisse quelques fûts s’élançant bien trop seuls vers le ciel embrumé de vapeurs méphitiques au milieu des champs sableux dévolus aux maïs roundup si avides en eau

On garde quelques bois où cheminent quelques biches et des hardes nombreuses de sangliers qui scarifient les sols…

C’est le temps de la chasse...aux bourgeois! Les sonnailles de feu éclatent quelquefois… Et moi, les entendant j’imagine le voile mortel ternissant l’œil mouillé des biches agonisantes !

424651_444520842261396_1465428115_n.jpg

Deux engeances maléfiques : le mangeux d’terre qui empoisonne l’espace de semences Monsanto et le viandard qui ne sait de la vie que le rapt et n’espère que l’extinction des souffles !

Désespérant!

39297_444533745593439_1706571199_n.jpg

Oui, Madame, je suis mélancolique…

Et je n’aime pas le cor au fond des bois !

Je ne chanterai pas aujourd’hui l’espoir d’un ciel plus bleu, des clameurs de l’amour…

Je préfère m’abstraire pour lâcher la bonde à mon trop plein de sentiments et vous offrir, à ma manière, le conte de Daudet…

 

En déplaçant un peu la physiologie du héro !

John-Waterhouse-Diogenes.jpg

Je sais, je sais. Vous crierez sans doute, Madame, au sacrilège !

« De quel droit ce bonhomme sans talent ose t’il ainsi toucher à ce fleuron de la littérature ? » (et ce d'autant que le susdit bonhomme n'est pas avare en fautes d'orthographe...)


Daudet m’en eut peut-être moins voulu.

Il est probable, surtout, qu’il n’en aurait rien su !

Alors… Pardonnez moi et…

Attendez au moins de m’avoir entendu !

adrian-ghenie-4-3-

Il était un fois un homme, qui, au milieu d’un corps en or, avait un coeur de chair.

Un homme en or… Oui Madame juste comme vous en rêvez !

Sa maman, ne vous étonnez pas, le trouva très charmant et l’aima comme aime une maman.

Son papa découvrant l’anomalie fit une petite grimace mais l’aima tout de même…

Et le petit sentant battre son cœur dans son corps trop roide était, pauvre inconscient, satisfait des regards étonnés que lui jetaient les agents (hospitaliers !)…

Il riait aux anges...

Georges_de_La_Tour_001.jpgRegard étonné des personnes de son entourage, disais-je, mais qui se mua bien vite en œillades furtives et plutôt envieuses…

C’est que Jérémie (nous l’appellerons ainsi, en raccourci) représentait une part non négligeable de la réserve en or de la banque centrale de son propre pays !

Mais je m'égare, madame, et vous le décris déjà adulte!

Reprenons donc chronologiquement ce récit maladroit.

Les doctes savants conseillèrent ses parents.

Il fallait simplement qu’il fût dès l’enfance couvert de larges vêtements.

Ne point laisser découvrir la moindre parcelle reluisante…

Qu’importe !

Le manque de soleil n’a pas nuit à sa peau.

Elle était naturellement et lisse et dorée et douce à l’envie…

Quoique légèrement froide évidemment !

gh913.jpg

Durant un temps donc tout fut gardé secret…

Seuls ses géniteurs connaissaient sa nature métallique.

Et riches assez ils achetèrent le silence des témoins de sa naissance…

Jérémie grandissait en sagesse, en grâce, en beauté et en … valeur !

Aussi, pour le protéger des regards cupides et des moqueries enfantines, on le maintint au sortir de la maternité, dans la propriété large, spacieuse et confortable de ses riches parents.

Vous l’ai-je déjà dit, ils étaient financiers !

Moqueries enfantines ! On sait bien que les mots des gamins ne font guère montre de l’hypocrisie veloutée permettant les relations sans heurts et sans bonheurs qui caractérisent notre perfide commerce d’adulte.

mosaic3-1024x807.jpgJérémie était sensible et le moindre tourment qu’accusaient ses parents faisait jaillir de ses yeux, œil de chat, des larmes d’or en flot et sans interruption.

Les mouchoirs se transformaient ainsi en bourses pleines.

On les gardait évidemment et les placards de la maison recelèrent rapidement de trésors en monceaux.

On l’instruisit en toutes humanités dans les hautes pièces de son habitation.

On prit un précepteur aveugle, vous devinez pourquoi…

Mais curieusement du calcul et de la physique des matériaux on dispensa l’enfant…

Jérémie avait de riches disposions. Il aimait être au contact de la matière. En céramique il excella mais jamais on ne le laissa porter au four une de ses pièces…

Bien que n’étant pas de glace il ne fallait pas qu’une de ses passions le fit fondre sur place.

522289 444060132307467 153337025 n

On pesait chaque matin l’enfant tout en suivant à la radio les cours de la bourse et la valeur de l’or !

Sa toilette était des plus simple : un petit coup de chiffon lustrant et le tour était joué !

Il brillait de mille feux…

Grandissant maintenant il se prit à vouloir sortir de son bercail…

Pourquoi disait il à ses parents ne me laissez vous pas courir devant la porte comme les autres enfants ?

Et la réponse fusait, sinistre telle un couperet :

« On vous volerait, mon cher trésor ! »

Et l’enfant s’en retournait dans ses appartements, triste un peu, mélancolique souvent.

Il bousculait les meubles, misérablement, pour écouter tintinnabuler ses membres qui vibraient.

Les chants de sa mélancolie ainsi se traduisaient en mélodies austères surgies des chocs de la vie…

D’ailleurs son précepteur en rigolant lui faisait écouter les percussions de Strasbourg afin que de son handicap il puisse, un jour, le muer en muse efficace…

Igor-Samsonov.JPGAh ! Son précepteur ! Aveugle donc, mais point sourd !

Maintenant la curiosité du maître le portait à des embrassades sans fin.

Il essayait, le bougre, de savoir de quel métal était fait Jérémie…

Mais justement, voilà, Jérémie en souffrit de toutes ces cajoleries.

Vous comprenez cela, Madame, n’est ce pas ?

Il sentait bien que tout ceci n’était pas très « naturel » !

Il acquis de cette vie retirée, somme toute monacale, une gravité et un sérieux trop grand.

Sa différence l’isolait.

Mais la nature de l’homme est ainsi faite, à tous les régimes, pourvu qu’on puisse croire que le choix vient de nous, nous nous adaptons simplement.

Aron-Wiesenfeld-4-Drain-Pipe.jpg

 A seize ans déjà, en parlant franchement de sa nature extraordinaire son père et sa mère lui demandèrent un tout petit peu d’or en remerciement de lui avoir offert le jour..

Jérémie dans l’instant sacrifiât deux orteils qu’il offrit en souriant.

Il aimait ses parents, voila tout.

Sa mère pleura un peu et son père grommela une sorte de phrase définitive.

C’était des gens très simples.

Ils mirent les deux orteils dans un coffre et s'offirent quelques obligations histoire de se distraire...

Par quel moyen la blessure se guérit ? L’histoire ne le dit pas.

Mais ce sacrifice, d’un coup, lui révélant sa « richesse », fou de désirs, ivre de sa puissance, il sortit de chez lui bien décidé à vivre et découvrir le monde.

Cesar---pouce--effet-nocturne-.jpg

Comme il n’était point bête il s’offrit des études.

Il partit vers la ville, y loua une chambre et travailla avec assiduité.

Il eut quelques amis triés sur le volet auxquels il confiait sa peur existentielle.

C’étaient des taiseux comme lui…

Des lucides aussi qui s’entêtaient à vouloir plus de justice et plus d’équité dans le rapport des hommes…

Des âmes pures et dont le cœur battait fort au milieu de la mer des intelligences mortes, des concupiscences et des envies.

A dix huit ans il fréquentait les cercles philosophiques et politiques…

Du train dont il menait sa vie, généreux, ouvert à tous et semant l'or sans compter, on aurait dit que ses ressources étaient inépuisables...

Elles s'épuisaient pourtant et Jérémie devenait un peu plus pâle chaque jour.

Son or se fanait, sa joue se creusait et son corps se voûtait.

Mais ses yeux flambaient toujours en aidant tel ou tel qui, souvent, après la peine passée ne le regardait plus…

Aron-Wiesenfeld-1-DavidD’ailleurs ses amis, auxquels il s’offrait cœur et corps, ses amis même, faisaient chœur contre lui.

Les rigolards, ceux qui se moquaient lui, ceux qui parlaient le cul collé aux chaises, lui reprochaient trop d’enthousiasme maladroit, trop de regards offert à ceux qui, disaient ils, « ne le méritent pas », trop d’amour donné…

Car pour eux, l’amour se négocie !

Et en le considérant comme une source inépuisable d’or, toutes sortes de chefaillons des agences politiques et d’autres - auxquels il avait cru devoir donner de lui-même en conviction et en action – lui demandaient, narquois, d’honorer encore et encore ses cotisations, ses dons…

Il s’arrachât les doigts des pieds sans une hésitation… un morceau de l’épaule, un fragment d’une fesse… 

L’or, disait-il, il faut le partager…

BACON.jpg

Jérémie vivait ainsi dans son être les idées simples. La justice et la fraternité.

Pourtant il maigrissait sous leurs yeux… Et eux ne voyaient pas…

Eux faisaient cercle en amis du même monde et maintenant le délaissaient un peu.

Ses études depuis longtemps avaient été interrompues. Le temps ne se partage pas !

Il erra de petits boulots en petits boulot sans qu’il puisse se refaire une santé…

Son corps restait un handicap pour les employeurs…

Ils l’acceptaient pour qu’il donne le plus possible « de lui-même »…

Et ces « esclavagistes » s’étonnaient qu’il tombât malade !

« Il profite de l’état providence. Il se met tout le temps en arrêt ! »

Alexej-Ravski-14dc381f1b6c.jpg

Les femmes depuis longtemps lui semblaient des îles lointaines qu’il ne fallait aborder qu’avec maintes précautions…

C’est que déjà beaucoup l’avait laissé blessé…

Pourtant il rencontra une brunette aux yeux de jais qui lui sembla jolie…

Jérémie accepta de partager sa solitude…

Et presqu’aussitôt la brunette compris pourquoi les chemises trop amples, le chapeau visé sur la tête et les écharpes colorées…

Une nuit, Jérémie fut réveillé en sursaut par une douleur à la jambe, une effroyable douleur ; il tenta de se dresser éperdu, et vit, dans un rayon de lune, sa belle amie qui fuyait en cachant quelque chose sous son manteau...

Encore un peu de lui qu'on  emportait !

Antoine-Helbert---2.jpg

Maigre, fatigué des sangsues qui s’accrochaient à lui, austère par force, reclus dans son logis, « amis » et relations le délaissèrent d’un coup en prenant soin, bien sûr, de semer quelques bruits infamants en guise d’héritage.

Jérémie atteignit quarante ans. Il était temps de s'arrêter.

Il s’offrit une existence nouvelle.

Il s'en alla vivre, à l'écart, du travail de ses mains, soupçonneux et craintif comme un avare, fuyant les tentations, tâchant d'oublier lui-même ces fatales richesses auxquelles il ne voulait plus toucher...

Shinichi-Maruyama-905.png

À quelque temps de là, Jérémie devint amoureux, et cette fois tout fut fini...

A cause de cela, d'abord, il s'installa en ville.

Il aima du plus profond de son cœur, de chair, une petite femme blonde, d’un blond étonnamment plus pâle que l’or de sa peau…

Elle l'aimait… bien. Aussi.

Mais elle préférait les belles voitures aux couleurs vives, le portable dernier cri, les parfums aux flacons modelés, les robes froufroutantes, les plumes blanches sur les mignons chapeaux et les pompons en cuir battant le long des bottines masquant ses fins petons de rêve.kate-Saul-Zanolari-s

Entre les mains de cette mignonne, moitié oiseau, moitié barbie, l’or fondaient aussi vite que son amour maigrissait!

Elle avait tous les caprices et Jérémie ne lui refusait rien.

Au dire de tous ceux qui les virent c’était le plus beau couple qu’on puisse imaginer.

Lui tout de soleil resplendissant, le geste ample et le pas assuré.

Et la petite blonde frétillante aux lèvres incarnates le suivait en déposant son regard tendre même sur son ombre.

RositaB.jpg

Point de secret entre eux …

La première fois, le voyant tout fait d’or elle avait dit avec une gentille moue :

- Nous sommes donc bien riches ?

Jérémie lui avait répondu :

- Oh ! Oui... bien riches !

Et il souriait avec amour au petit oiseau bleu qui lui offrait son amour dévorant, innocemment se posant sur sa peau.

Cela dura trop peu longtemps.

Ils se firent des amis, eurent des relations mondaines ou pas…

Jérémie se mit à nouveau dans les fers de la politique.

Son ange était devenu une femme aguerrie.

Elle mit au monde deux beaux enfants, se mêla aussi de politique et devint adjointe au maire…

Elle regarda Jérémie de haut... de plus en plus haut...

Il n’y avait presque plus rien à prendre sur l’os !

Elle remplaça ses robes par des jeans…

Elle s’enticha d’un syndicaliste chauve, lugubre et prétentieux…

Elle rongea la chair de Jérémie : son cœur !

Il l’aimait encore.

Cela dura ainsi pendant trop longtemps.

Puis, un matin, elle partit comme un oiseau volage avec les deux enfants. On sût bien sur pourquoi… Un oiseau légèrement obèse...

Et les enfants, toujours, restèrent avec leur riche maman...

Ben-HEINE-.3.jpg
  

Jérémie, seul et abandonné, laissé pour compte, ne fut plus que son ombre...

Il fondit, littéralement.

Il se mit en noir et tous les jours c’était comme s’il s’en allait à un enterrement…

Il se débarrassa de tout ce qui de loin ou de près rappelait la "poule et les poussins" partis : voiture, télé, jeans, livres, CD, jouets, photos, portables et d’abord tous ses flacons insupportables…

Il s’acheta une roulotte, prit un âne et s’installa au bord d’un champ.

photo ane belles dents.sized

La solitude retrouvée, au bout d’un temps est, pour nous tous, toujours bénéfique.

A mille lieues des brouillards de la ville, sur une colline lumineuse, dans le pays des légendes et du vin blanc, Jérémie sentit revenir la santé.

Bientôt tout ne fut qu’orchestres de merles, ballets de mésanges, étendue en ors ondulants des blés, rouges éclatants des pauvres chênes blessés et bleus foncés des bouchetures qu’on tente parfois encore de faire revivre ici.

CIMG9040.JPG

La nature a ceci de magique qu’elle offre à tous soleil et musique…

Les belles filles brunes couraient toujours aux champs et Jérémie les écoutait rire…

Au temps où ses tempes devenaient blanches, il avait retrouvé une sorte de bonheur.

Son bord de champ où broutait paisiblement son âne, était mal choisi pour broyer du noir.

CIMG9045.JPGPour Jérémie il n’était plus le temps d’expédier aux dames des poèmes couleur de rose et des pleins paniers de contes galants.

Mais il aimait toujours les regarder s’affairer gracieuses à quelque tâche ménagère…

La sagesse de l’âge laisse le corps tranquille.

Pourtant le temps n’avait presque pas de prise sur lui : sa nature métallique l’en préservait.

L’or reluisait sous l’automne comme aux premiers jours du printemps.

Mais celui-ci devenait plus rare sur les os chenus.

Pourtant les filles ne redoutaient pas de lui parler : ça le rendait heureux !

3230715446_976f17a496_o.jpg

Il s’en vint plus souvent au village voisin.

Que lui importait son or maintenant ?

Il en donna pour l'église, pour les pauvres, pour les revendeuses de primevères au printemps, pour les enfants quémandant des bonbons en automne : il en donna partout et sans marchandises...

Son âne mort et sa roulotte trop vermoulue on lui proposa une sorte de retraite dans une maison sombre au centre du village.

Il s’en accommoda et se remit à lire.

On lui donna deux ou trois étagères. Il les remplit de livres.

dscf7824.jpg

Les jalousies et les misères ne le touchèrent plus…

Il s’était offert tout entier aux autres, à la justice… Il avait défendu au milieu des huées des causes généreuses. On l’avait méprisé et quand on ne le méprisait pas, on se moquait de lui…

Mais il allait à l’amble de ce cœur qui continuait à battre pour les autres…

Maintenant il n’entendait plus que le bruit merveilleux de son cœur de chair…

Les clameurs aigries ne lui faisaient plus peur !

fernando-botero.jpg

Aussi, au sortir de ses septante printemps, il ne lui restait presque plus rien de cet étrange corps.

Quelques escarbilles d’or saillaient encore ici et là sur les os vermoulus.

Alors, on le vit s'en aller dans les rues, la tête trop pesante, l'air de plus en plus égaré, les mains en avant, trébuchant souvent comme un homme ivre.

durer-tete--de-vieillard.jpg

Un soir, à l'heure où les devantures s'illuminent, il s'arrêta devant une large vitrine dans laquelle tout un fouillis d'étoiles et de parures reluisait aux lumières.

Il resta longtemps à regarder deux bottines noires ornées de pompons en cuir.

« Je sais quelqu'un à qui ces bottines feraient bien plaisir », se dit-il en souriant…

Il entra pour les acheter.

Du fond de son arrière-boutique, la marchande entendit comme un bruit sourd de chute.

Elle accourut et recula de peur en voyant Jérémie affalé la regardant douloureusement d'un air hébété.

Il serrait d'une main une bottine noire à pompons et présentait dans l'autre main, toute sanglante, des éclats d'or au bout des ongles.

On entendait très fort son cœur battre, encore !

 

BASQUIAT-1981.jpg

Voici, madame, telle que je la vois, ma version personnelle du beau texte de Daudet.

Mon style n’est certes pas aussi flamboyant que le sien.

On n’y sent pas l’olive et la belle garrigue…

C’est un conte de Sologne que j’essaye là de dire..

Il est peut être trop austère, comme la vie l'est ici-bas.

Comme celui de Daudet, sous ses allures de conte fantastique, ce récit est vrai, je vous l'affirme, d'un bout à l'autre...

Il y a de pauvres gens qui payent en bel or fin, avec leur moelle et leur substance, les moindres choses de la vie.

C'est pour eux une douleur de chaque jour.

Et puis, quand ils sont las de souffrir...

Anna-McKEE---05.jpg

Moralité: lorsque ses réserves personnelles représentent une part non négligeable du "trésor" public... Il faut sans déroger donner sa part à soi ... d'impôts! Sinon les "fumelles" le voleront! ("Humour" machiste!)

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 22:26

 

 

Towards-the-Future-2008-Lui-Liu.jpg

 

 

Heure nue et temps noir

Asservis par les spasmes de vie

L’une étonne l’autre est pitié

J'ai vieilli sous vos ombres

Et la douceur de vos passages

Bandait mes yeux

Tandis qu’en mon coeur

Eté ou Midi

Je te découvrais

Belle promise

Du haut ban

Au haut vol calciné

Et la beauté offerte de la vie

S’est figée en moi plein cœur

Comme le bec de l'aigle

 

Tete-d-une-jeune-fille-1740-50-Francois-Boucher

 

 

Heure nue et temps noir

Doux murmure bruissant au clair de lune

Femme sombres extases du plein espoir

Bouches qui crient des injures ravies

Etranges caravanes aux lignes pures

Savane qui bruit aux détresses ferventes

Chante encore chante ton chant tendu

Vrombe vrombissant sous les chœurs perdus

J’écoute ta voix suave tordue par le tango

Haletant doucement comme le corps aimé

  Print-Era-2008-Lui-Liu

 

 

Ame noire femme nue

Miel limpide qui lentement s’écoule

Que ne ride nul souffle du temps

Miel calme du poète entêté  

Qui s’évade par toi des rives vides endormies

Oh belle amante nageant vers les nuées célestes

Les étoiles perlent sur la nuit de ta peau.

Délices des feux argent et gris

Alliance des reflets de l'or carminé

De sa peau qui se moire des vapeurs envoûtantes

A la lisière de ta chevelure ou s'éclaire mon angoisse

La crainte des éveils prochains de tes yeux

Surgissent incontournables en fièvres et en espoirs

 

Nu-au-sofa-rouge-et-noir-Alain-Bonnefoit

 

 

Heure nue et temps noir

Je chante la beauté qui passe

Dans l’espace fixe au sein de l’éternel

Les assassins jaloux n’auront pas prise

Sur l’étrange chant qui frémit sur les rives de notre vie

 

Scene-d-ete-1869-Frederic-Bazille

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 13:44

Elles voguent par deux d’un air décontracté

Elles battent des palmes au rythme régulier

Du babil incessant et des petits potins

Qui volent au-dessus des têtes en essaim

 File0001

C’est l’heure matinale des nageuses en bassin

Et moi dans l’eau j’écoute leurs paroles serein

Elles seraient jolies si elles me regardaient

Mais d’Artaban elles ont la moue désabusée

 john-singer-sargent-peintre-americain-partie--L-12

La lumière crue égaie les clapotis des nageurs enfiévrés

Et moi décontracté riant je les suis pour m’amuser

Comme des petits bateaux elles ronronnent leur train-train

D’un bord à l’autre elles battent de leurs palmes sans fin

 nageur dans la vague

Et puis arrive Adonis en personne musclé et hautain

Sur le bord de l’eau bien en vue il pavane ce gandin

Il s’étire et hoquette quelques mots dans l’odeur chlorée

Au maître nageur fatigué qui le regarde en restant muet

 840484IMG3100

Adonis étale ses grands bras et pose ses pectoraux musclés

Elles le regardent muettes oui muettes les naïades palmées

Deux ou trois flexions puis plouf il plonge dans le bain

Et pousse l’eau clap clap tel un  bateau à aubes avec entrain

 tom-a-piscine-5229

Je sors de l’eau heureux détendu pour rejoindre mon chien

Juju est là étendu comme le sphinx attendant le devin

Il fait beau je m’offre un grand silence sous le soleil clémentine

Nager dans le bonheur c’est faire des brasses dans sa propre piscine

 

piscine8vb-copie-1

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 21:11

 

 

 

Grogne, grogne Buber… Souple et noir comme la panthère !

La jungle  échappée du ghetto s’était fourvoyée dans les lambris bourgeois…

Immobile  trois clarinettes malaxaient la rage des ventres creux…

 

mileybubber-002-fd

 

Les yeux mi-clos tu t’évades dans un grand chambardement de caisses plus ou moins claires…

Tu claques les notes sur le clavier en accompagnant le rauque mugissement du large trombone…

 

duke-ellington-102

 

Oui il faut prendre le large ! Foutre tout par-dessus bord… Accompagner le rut de l’orchestre…

 

Duke+Ellington++His+Orchestra+DukeEllingtonleadshis002

 

 

Descendre le canyon, ses flots mélangés, se sentir superbement libres…

Et garder dans sa mémoire les jolies gueules des belles rêvant ...

 

Rouge2

 

Mais l’espoir s’évadait.

Même les boîtes de sardines avalées pour calmer les boyaux tordus n'étaient alors d'aucune aide !

Existait-t-il  ce joli mot : espoir ???

Le futur quoi ! Le vrai, le fort, le juste!

L’autre futur… Celui qui ne nous appartiens pas !

Pas celui qui anime notre piètre monde de répliquants égoïstes… 

Nous qui bandons mous dans notre tiède actualité !

Nous, nous n’enfilons plus que des putes télévisuelles..

Tout ce qu'il faut changer...

Mais est-ce à notre portée?

Allez les nanas, allez les mecs, on le conjugue ce présent ???

 

trompette

 

 

Nan ! je vois bien ! Vous tenez trop à votre 4X4 pare buffle, à votre petit mariage à la con !

La caravane passe et les chameaux s’enrhument !

 

 

 

Décidément cette musique aimait les corps et les nuits insondables de l’âme…

Et le grooling qui s’accentuaient sur les bleus laisse encore entrevoir, maintenant, des peaux indigo qui bougent merveilleusement sur le slap de la contrebasse.

Ca craque, c'est vieux, mais ça t’envoie en l’air aussi sûrement que toutes les merdes à la mode !

Pour qui sait y voir et rêver !

Et se souvenir....


La jungle triste qui n’aimait pas ses enfants, trop sombres, trop étranges était secouée par des Harlem’s shooters, des Rois, des Ducs, des Comtes et des Satchmo géniaux qui en faisaient un paradis !

 

tumblr m4m9onJSie1r51bb9o1 1280-copie-1

 

Le paradis… dans un enfer de têtes bloquées

Mais, putain, on y baigne un peu trop maintenant dans le foutre et la merde de ces mecs col montés, la tête si haute et si raide... Asservis aux flux médiatiques... Et qui imposent!

Qu'un jour, les sombres, les exclus, les méprisés, pourraient bien les décoller, ces prétencieux…

Et tristement, il n’y a plus de bouges, de Cotton Club, de Duke et de bombe Basie ! Rien ici dans nos campagnes... Et pas grand chose dans les villes.

 

leonard herman 2008 3 201duke-ellington

 

Les lèvres ouvertes, évasives, forment des mots insondables regrettant l’océan coloré perdu.

Grogne, grogne Buber Miley… Souple et noir comme soir qui tombe !

Grogne…

 

Ronis05

 

Déjà les spots lights sont éteints.

La merde a rempli les bacs (de la Fnac).

Il faut complaire aux portefeuilles!

La mouche s’est envolée dans la chambre crépusculaire

Elle tourne, tourne en vrombes gluantes…

Partager cet article
Repost0