La soirée s’annonçait belle…
J’avais écouté le magnifique discours de Mélenchon au parc des expositions…
Le moral remonté à bloc !
La pluie maigre était tiède…
Seau de colle et pinceau en main l’instant était propice au collage de quelques classiques « Prenez le pouvoir » de rouge révolutionnaire habillés et de jolies Marianne au slogan efficace quoique légèrement énigmatique en notre jolie province : « Vite, la 6ème République ! ».
J’avais préparé aussi trois « dazibao » de ma façon…
La nuit était belle, il était environ 22 heures…
Mon pot de colle était posé devant le premier et plus visible des panneaux d’expression libre… Quelques placards judicieusement choisis jonchaient le sol…
La place était libre : sous les flots météoriques les quelques « Francforts » s’étaient lamentablement décollés en faisant grimacer la tête de not’ chef des tas !
J’appliquais consciencieusement la colle et les affiches…
Soudain une très grosse berline noire de marque japonaise ralentit à mon niveau…
Je n’y prête d’abord aucune attention…
« Alors vous allez prendre encore toute la place ! »
Je me retourne et qui vois-je, mon maire à moi, mon édile préféré !
Je sens qu’il est vaguement chafouin !
Il se penche vers moi et d’un air courroucé je l’entends :
« Monsieur M… quand finirez vous de déposer des injures sur les murs ? »
Peu sensible à cette phrase vaguement rimée je souris cependant.
« Mais monsieur le Maire ce ne sont qu'arguments politiques et non des injures. Je ne vous vise pas personnellement. Je ne traite que de la chose publique sur les lieux appropriés et légaux… »
« Monsieur M…, je vous connais… N’ayez crainte ceci n’en restera pas là ! »
Et sa voiture démarre sans attendre une réponse.
J’ai continué de coller…
Vers 23 h 30 j’avais chaussé mes pénates et je commençais la rédaction de ce petit texte.
Quel enseignement tirer de ce micro évènement ?
Mon maire usa (abusa ?) ce soir là de sa situation de notable. Il tentait de me faire sentir qu’il pouvait à tout moment me châtier…
Pour un fait très grave : celui de ne pas penser comme lui…
Démocratie !
Ses accointances sarkoziennes ne peuvent m’intimider ! Elles me font même rire…
La bourgeoisie et les réseaux relationnels qu’elle se flatte d’entretenir avec les gens de pouvoir m’ont toujours amusé !
Je combat donc mon édile loyalement, de face et sans me masquer.
Mais il est tellement habitué à ce que l’on baisse les yeux dès qu’il hausse la voix… Aussi dois-je lui sembler quelque peu étrange en sa douce circonscription !
Va t’il me bannir ? Me faire visiter par ses sbires municipaux ray bannés ? Me jeter dans quelque oubliette ???
Fera t’il comme jadis en Suisse ? Son chapiat placé au sommet d’un poteau ses administrés auront t’il obligation de le saluer bien bas ? !
Et moi serai-je condamné à percer une pomme avec un carreau d’arbalète !
Ah le pouvoir ! Le pouvoir !