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  • : Le blog de buridan.over-blog.com
  • : "Avec nous, Fracturés grandioses! Orateurs de tous bords et débords! Scissurés majeurs du Rolando à Flots! Oui! Avec nous pour nous aérer le maboul des nerfs que coince notre bourrichon bridé! Pour nous oxygéner la gnognotte et le rien du rien! Pour nous permettre de respirer un brin! De reprendre souffle, avant de laisser s'exprimer, plein tube, tout ce qui est en nous enfoui: le rapetitit grand style et le gnangnan virtuose; l'idiotie à coulisse et le traviole trois étoiles!" (j.p. W)
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  • Le doute est le sel de l'esprit, sans la pointe de doute, toutes les connaissances  sont bientôt  pourries. .......
Le doute n'est pas au-dessous  du savoir, mais au-dessus. (Alain)
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10 février 2015 2 10 /02 /février /2015 16:56

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Le« queuton » le plus célèbre reste probablement l’âne de Buridan, qui mourut, d'après Spinoza, de soif et de faim, faute d’avoir su choisir : l’eau ou le picotin !

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Maintenant avec nos nouveaux maîtres le choix n’est plus à faire!

Et l’eau et le picotin sont côtés en bourse ! Point besoin d’avoir à choisir : les deux rapportent « gros » aux gros et coûtent cher au manant

Mais il faut faire partie des quelques pourcents et pourceaux pour en profiter. Vivre avec ceux qui se partagent la moitié des gains mondiaux obtenus à partir des bras, des têtes fatiguées des méprisés, à partir de la sueur des bougres esclaves soumis à la servitude volontaire des capitalistes!

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Espèce de gauchiste!

Taisez donc vos rancœurs!

« El maestro » supposé de l’âne, jean Buridan (1292 - 1363), fut un laudateur du scepticisme religieux, et comme il se doit, il fut persécuté par ses contemporains "réâââlistes" (- trois "A" comme la note dont on rêve dans les salons de Bercy!)…

 

Lesquels étaient en fait d’affreux tyranneaux qui hors des « saîîîîntes révélations » (trois "i" ? Mais qu'est-ce que ça signifie ???) ne voyaient point de salut !  

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Car les puissants d’alors restaient dans la ligne du « bon » Louis IX (1214-1270) qui forçait les « déicides » juifs  à se convertir (pour leur bien, pour leur « intégration »…)

Le neuvième Louis leur fit de plus porter la rouelle jaune (cousu sur la poitrine et au milieu du dos !), les expulsa, leur vola leurs biens, ordonna le « brûlement du Talmud » (après « jugement ») par deux fois en 1240 et 1244)…

Prémonitions des néfastes actions d'un certain moustachu ???

cattelan gagosian 4 copie 1026 770 resize 90Le « juste » monarque instaura aussi l’inquisition (1233) et lança la douce mode de la « chasse aux sorcières »…

On imagine de quel bois se chauffait, en ces temps reculés, le bon paroissien !  Bon paroissien qui avait de quoi se réjouir : inquisition, croisades, sus à ceux qui n’étaient pas papistes… Du sang « impur » coulait dans les sillons ! Les « bons » chrétiens d’aujourd’hui arguent qu’alors les mœurs étaient différentes et que la tolérance était un sentiment inconnu… Allez donc dire cela au « p’tit Jésus » !

Maurizio Cattelan Eingemauerte NazisLes deux croisades furent de belles et saintes épopées : pillage de Damiette en Egypte où ils continuent leur sac jusqu’à Mansora…

Le sultan Ayyoub malade (tuberculose) proposa au « bon » roi d'échanger la ville de Damiette contre celle de Jérusalem…

Mais le preux Louis neuf refusa, car il ne voulait pas traiter avec un infidèle vaincu et qu'on disait sur le point de mourir… Belle compassion chrétienne !

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Pour financer les croisades contre les mécréants mahométans, notre futur « Saint » pressura son "bon" peuple d’impôts… Mécréants qu’il convenaient évidemment d’occire de toutes les façons possibles pourvu qu’elles fussent longues et douloureuses, car l’islam était alors considéré par les chrétiens comme une secte)...

Voyages guerriers qui s’avérèrent désastreux pour les louffiats et pour le premier de cordée lequel offrit son âme toute frémissante d'ave Maria et de Pater noster à son Dieu sourd et aveugle en l'an de grâce 1270 dans les clameurs défaitistes de la ville de Tunis!!!! Le doute en ces temps barbares n'était pas de mise... C'est à Jean Buridan, cinquante ans plus tard, que reviendra l'honneur, en amorçant une démarche scientifique des plus rigoureuses, de mettre à jour l'intérêt même de ce sentiment de ne jamais être à même de décrire complètement/absolument l'objet sur lequel on pose un regard... L'ignorance du doute, sa négation même, dès lors et grâce à Buridan, serait le trait le saillant de la bêtise! Bêtise prémisse de tous les dogmatismes, de tous les totalitarismes (religieux ou politiques), de tous les racismes...

8378304817 cb25cb5dca oDe retour dans sa capitale, Montreuil sous bois (Vincennes n’était qu’un faubourg de la susdite), le saint t’homme couronné (je reviens à Louis le neuf), rendait la justice sous un chêne…

Il savait manipuler les médias et choisir ses communiquants le Loulou!  En l’occurrence son chroniqueur attitré Jean de Joinville (le pont, pon ! pon !) un brave homme qui ne fut pas pour rien, dans la canonisation du neuvième Louis Capet! Il raconta dans ses mémoires les miracles du fleurdelisé, exalta sa supposée grande bonté, et son plaisir à voir tomber les glands... Le Stéphane Bern de l'époque

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Voltaire n’a-t-il pas écrit dans "Essai sur les moeurs" à son propos: "il n'est pas donné à l'homme de porter plus loin la vertu". Et par là même l'esprit de l’époque ! Belle épitaphe… Quoique…

Voltaire, esclavagiste, modèle de l’exploiteur, mauvais scientifique (opposition à Buffon), colporteur de balivernes (les quatre éléments), s’il se battit aussi pour des causes justes (affaire Callas), n’était pas, et de loin, l’homme « honnête » que tendent à nous décrire nos bavards nélibéraux conservateurs et tout aussi archaïques que le philosophe à la robe de chambre mais moins avides, hélas, de justice que lui et montrant surtout infiniment moins de talent dans leurs argumentations lobbiistes… 

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De fait, tout oppose Buridan à Voltaire… Septique religieux, adepte de l’étude naturaliste, Buridan définit la science comme une disposition mentale acquise par la démonstration (Biard).

Une lumière avant l’heure…

Pas un candelabre sarcastique critiquant la science et les naturalistes sans fondement sérieux  !

Car Voltaire était tout imprégné de la scolastique aristotélicienne… Et de ses archaïsmes…

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Vivant au  14 ème siècle, Buridan est bien plus moderne que le sieur de Ferney !

Et ce contre quoi lutta jean Buridan c’est justement l’affirmation sans recherche des causes et des effets…

Car le gentil Buridan était clerc et philosophe et logicien et physicien…

Il fit ailleurs des propositions qui croisent la balistique et la sociologie…

L’impetus !

L’inertie des corps et des idées…

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L'inertie des idées... Leur impetus! Il suffit de les propulser avec assez de force... Une idée bien crade (le racisme anti-arabe par exemple) mise en branle par des cyniques (au sens trivial)... Et tout cela gagne chaque jour du terrain par inertie !

AM-6 - CopieL’inertie qui fait que la « tolérance » Ludovi-sancti-ienne redevient de mode et conduit aujourd’hui à une jolie et jouissive chasse aux sorcières…

Regardez ces caricatures qui ciblent le physique et la manière de se vêtir (nez busqué, teint mat, dos vouté, regard fourbe, djellaba, tchador, babouches, turban, foulard, pas la couleur de peau mais presque...) pour tourner en ridicule non seulement une religion mais aussi une façon de vivre…

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La répétition insistante du même thème, la rémanence de la cible affublée de traits toujours soulignés comme il se fit à propos des juifs en des temps de sinistre mémoire.... Depuis l'arrivée de Val à la direction de Charlie la critique (peut-on parler d'humour?) s'en prenait surtout aux musulmans... Pas seulement à la religion mais au peuple lui-même... Ces caricature ne sont elles pas condamnables par leur carcatère ???

D'autant que le même Val chassait Siné qui s'était moqué du fils de Sakozy... Siné qui fut relaxé et lavé devant les tribunaux de l'accusation de racisme!

ch1Mais dire cela c’est déjà être suspect !

Pourtant, le grand Wolinski avait (hélas) vu juste. Il disait à propos de caricatures de du spécial Charia-Hebdo de Charlie-Hebdo : « je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il ne fallait pas le faire »

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La provoc pour la provoc, surtout si elle s’en prend à ceux qui diffèrent légèrement des canons toléré par les dogmatismes à la mode, ça flatte les gonades des crétins, de ceux qui ne doutent de rien…

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Le doute…

Voilà bien l’idée maîtresse de Buridan !

Savoir que de multiples fils conditionnent nos jugements : le lieu de naissance, le climat, les mœurs, les modes de l’époque où l'on vit…

Nos jugements ne résultent pas d’un ensemble de propositions qui nous sont propres, mais surgissent à partir des  dispositions mentales héritées (héritage phénotypique et non génotypique)…

Et nos convictions sont donc constituées par l’assentiment que nous donnons à ces propositions.

Dès lors, comment départager la science de l’opinion… Le réel de la perception individuelle ?

Dès lors une proposition, même érigée en loi universelle, n’est que le fruit provisoire de l’espace temps !

Maurizio-Cattelan-12On comprend que le doute érigé en méthode se rit des dogmes, du dogmatisme et des dogmatiques ! La philosophie, la science, les arts, le savoir se nourrissent de dialogues et de controverses, de propositions et de discussions.

Ce que n’autorise JAMAIS le dogme !

Opera-Ron-MueckLe doute salvateur catalyse de la parole échangée ! Le regard à deux fois ! La discussion, l’échange des idées… La curiosité…

LA CURIOSITE !

Voila les conditions du progrès et de la véritable démocratie !

769Jean Buridan philosophe du XIV éme siècle!

Et ses idées restent, en tous cas à des années lumières de la décrépitude de nos inerties actuelles, où, justement, la curiosité n’est plus de mise… Il faut aimer ce que l'on nous dit d'aimer...

Idem pour la détestation.

Pas surprenant alors que l’on rejette aujourd’hui celui qui vient d’ailleurs , celui qui ne fait que passer…

Comme les idées immobiles nous exigeons, plus que de tous temps, la sédentarité !

Vous n’y croyez pas ???

Ah bon?

Alors ça ne vous gêne pas, vous, ce prêt à penser qui gagne, qui gagne !!!

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Oncques intellectuel, Buridan... Mais pas seulement ! Un peu pataphysicien itou !

Si Buridan fut homme de son siècle (il avait un charisme inhabituel pour attirer des subventions académiques), il fut homme d’abord, et bel homme, cuisse légère et queutard (si l’on en croit la légende…).

Figure brillante et mystérieuse à Paris, de nombreuses histoires apocryphes narrent ses  multiples aventures amoureuses.lui-liu1-2-934x1024

Car notre clerc fut un amant célèbre ! Et pas qu'un peu!

C'est en la tour de Nesle (oui ! oui ! la célèbre - et sinistre - tour de Nesle qui était située non loin de l’actuelle Mairie de Paris...) il fit cocu le roi de France, Philippe V, au cours d'une partouze historique!
On s’en amuse encore : flétrir d'un coup la robe d’une reine et la couronne d’un roi! Bravo! 

C’était un vrai et fort et honnête gaillard !

Rassurez-vous, oh vous bourgeois du hollandisme et de la macronie, cela ne se peut plus en nos temps intégristes!

Les boutons de roses exaltés flétrissent, aujourd'hui, dans les arrières-cours de la bien-pensance!

1 a a323D'ailleurs, à ce qu'on dit, la reine était belle et grande (un peu hommasse à mon avis d’après les enluminures de l’époque!)...

Et le roi petit, bedonnant, redressait ses binocles quand il la regardait !

Mais, comme l’a dit le poète elle chantait à voix de sirène... A moins que ce ne fut la précédente… Les successeurs de Jean de Joinville (le pont, pon ! pon !) ne le précisent pas !

Le Buridan lutineur et butineur de Reine fut surpris, reconnu et jeté en Seine par les mastroquets partouzeurs… Rude époque!

Par chance une barque chargée de foin se trouvait au pied de la tour de Nesle… Sur laquelle il chut et réchappa ainsi à la vindicte des hallebardiers et autres gens d’arme.

Et notre brave philosophe encore turgescent échappa de justesse aux vindictes…

Du roi courroucé d’abord… Et de la reine énamourée ensuite…

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Si leçon de cette périlleuse aventure il faut chercher, ce serait celle-là : entre deux maux il faut toujours choisir le moindre. Dans ce moment débraillé l'eau de la Seine fut celui-là!

Leçon qui éloignerait l’amoureuse péripétie du maître de celle, plus triviale, de l'âne indécis rapportée par le grand Spinoza !

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Persécuté par les réalistes, Buridan se retira en Allemagne puis enseigna à Vienne. En tant que nominaliste, il ne pouvait admettre l'existence de l’absolue liberté humaine (qui justifie au sein de l’église l’idée de péché… L’homme fait libre par Dieu choisit entre le bien ou le mal…) tout en défendant celle relative. Voila pourquoi ce petit clerc picard a longuement discuté la question du libre arbitre dans ses commentaires sur l'Éthique d'Aristote.

De ce point de vue il succède à Epicure et précède John Stuart Mill…

Un humaniste libertaire épicurien !
 

Joie suprême et posthume : les Occamistes réussirent à faire placer les écrits de Buridan sur l'Index Librorum Prohibitorum (de 1474 à 1481).

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Pour terminer, comme dit cet admirable penseur, le grand J.P. Verheggen, « Entre moteur, mother ou motets pour curés du texte un peu trop emballés, faudrait pourtant voir, de temps en temps à pauser ! »

Posons donc !

29 Drawing Hands by Escher

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