LUTTER CONTRE LA PAUVRETE, C'EST POLITIQUE!

Le 10 novembre 2012 nous étions 350 à Issoudun, bénévoles et responsables du Secours Catholique…

Au travers de la voix de son président national, Pierre Soulage, ce fut l’occasion de rendre compte des urgences actuelles au regard des statistiques publiées dans l’important dossier : « Regards sur 10 ans de pauvreté »…

 http://www.secours-catholique.org/actualite/regards-sur-10-ans-de-pauvrete,11291.html

Entre 2001 et 2011, le nombre de personnes « rencontrées » par les services d’aide de l’ONG est passé de 1.387.000 à 1.424.000 personnes.

Cette augmentation qui semble assez faible ( + 35.000 en dix ans, soit 2,5 %) en regard du ressenti est d’abord liée de renforcer l’accompagnement dans la durée des personnes rencontrées…

Car il faut le dire et insister sur  ce point : les situations de pauvreté sont plus durables qu’il y dix ans.

Et seulement la moitié des personnes en situation de pauvreté sont soutenues par les services sociaux…

En France la grande pauvreté touche près de 2 millions de personnes, chiffre en grande augmentation : plus 500 000 entre 1999 et 2009 !

Ce que pointe le rapport et de façon inquiétante, c’est l’augmentation des familles sollicitant les structures de l’association, part qui passe, sur la période étudiée, de 47 % à 53 % des ménages rencontrés.

Enfants concernés par les situations de pauvreté traitées en augmentation de plus de 40.000 sur 10 ans !

Enfants qui représentent en 2011de près de 50 % du public aidé à travers les familles accueillies !

Autre constat révoltant :  Pour l’année 2011, sur les 1,4 million de personnes aidées par l’association, près de 7 personnes sur 10 sont en situation de grande pauvreté vivant avec moins de 640 euros par mois (soit 40 % du revenu médian), et 94 % d’entre elles sont en situation de pauvreté, c’est-à-dire avec un revenu inférieur à 960 euros par mois (seuil de pauvreté égal à 60 % du revenu médian).

Les femmes représentant 57 % des adultes aidés en 2011 contre la moitié dix ans plus tôt, et majoritairement des femmes élevant seules leurs enfants (58 % des familles aidées étaient monoparentales en 2011).

Les jeunes et les étrangers sont également de plus en plus touchés par la pauvreté. Ainsi, la part des étrangers en situation de pauvreté rencontrés par les services de l’association est passée de 23 % en 2001 à 30 % en 2011.

Un ensemble de constats à mettre bien évidemment en parallèle avec :

-   l’augmentation du chômage (66 % des bénéficiaires du Secours catholique étaient au chômage en 2011 contre 58 % en 2001),

-   la précarisation de l’emploi avec le développement du sous-emploi (i.e. travail à temps partiel subi), sans oublier le recul de la protection sociale en termes de lutte contre la pauvreté et l‘exclusion sociale. En effet, sur ce dernier point, le décrochage des minima sociaux par rapport à l’évolution du Smic, notamment le revenu minimum ne représentant plus aujourd’hui que 43  % du salaire minimum légal contre 50 % en 2001, a fragilisé les fractions de la population les plus éloignées du marché de l’emploi.

-   de plus en plus de chômeurs non indemnisés. Ils représentent un quart de l’ensemble aidé en 2011 contre 18 % en 2001.

-    la forte augmentation des dépenses dites contraintes en logement et énergie (loyers, gaz, électricité et eau) - des hausses entre 40 % et 50 % pour une inflation de 20 % sur la période étudiée -, qui constituent, comme chacun sait, des charges sur-représentées dans les budgets des ménages à faible revenu (qui n’ont d’ailleurs presque pas augmentés dans la même période…

 http://www.calameo.com/read/00021196109011c37f578

C’est donc le constat d’un ancrage de la pauvreté en France au cours de la dernière décennie que nous livre le précieux regard du Secours catholique. Et par conséquent celui d’une augmentation des inégalités.

Entre 2002 et 2010,  le taux de pauvreté passe de 12,9 % à 14,1 %, avec 8,6 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté en 2010 (INSEE).

 http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1412/ip1412.pdf

Lisez et réfléchissez!

Et surtout, vous, les acteurs de la vie religieuse, politique et syndicale...

Vous les bons dogmatiques d'une religion laïque ou non laïque!

Vous les embonpoints pétris de certitudes!

Pierre Soulage le dit: "la pauvreté c'est d'abord une affaire politique".

Et c'est ce qui anime les bénévoles de ces assocs dites "caritatives"...

Ils aident pour parer au plus urgent!

Ce qui rend à l'homme sa dignité, donc l'autorise à se batte, à parler, à s'exprimer en conscience de son vécu!

Celui qui crêve de faim, qui ne peut pas se chauffer, qui n'a pas de toit, qui n'a plus de quoi vivre, NE PEUT PLUS PARLER ET DONC NE PEUT PAS SE BATTRE...

La bataille politique ne peut être menée qu'au travers de l'aide IMMÉDIATE, DANS LA LUTTE CONCRETE CONTRE LA PAUVRETE.

Ceci pour dire qu'il ne suffit pas de gueuler"engage toi" ou "adhère à notre organisation", qu'il ne suffit pas de coller des affiches ou se réunir pour parler doctement de "ce qui ne va pas" "des prochaines journées d'action" ou de "la ligne politique à tenir" pour parvenir à plus de JUSTICE...

Il faut d'abord voir, entendre et toucher à la précarité, à ceux qui la vivent...

Savoir ce qu'elle est réellement.

Le "pauvre" ne peut participer à vos débats parce qu'il ne peut simplement s'y déplacer...

Le "pauvre" ne peut participer à vos débats parce que simplement vous ne le voyez pas...

Être en prise directe avec les exclus, les "va nu pied", les "mécréants" qui accumulent contre eux tous les poncifs et les idées reçues ("il ne se bouge pas" ou "il ne sait que profiter" ou "s'il en est là c'est parce qu'il le veut bien").

Bref être en prise directe avec tous ceux que vous montrez du doigt, que vous ne voulez pas entendre, et dont le sort, en réalité, ne vous préoccupe guère...

VOILA CE QUI, à mon avis, EST RÉELLEMENT POLITIQUE).

Et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion ne peut pas, ne doit pas être du ressort exclusif des associations.

Il appartient aux pouvoirs publics d’en faire l’axe central de leurs politiques.

Ne l'oubliez pas messieurs les politiciens et apprentis politiciens!

Les chantiers sont aussi nombreux qu’urgents.

Il y va de la cohésion de la société tout entière.

Et même de sa survie!

 

Le mois prochain, les 9 et 10 décembre, se tiendra une conférence gouvernementale sur la lutte contre la pauvreté et l‘exclusion sociale.

Le rapport du Secours Catholique sera-t-il lu et suivi par le gouvernement comme le furent « les pigeons », « les aigles », le rapport Gallois et l’augmentation de la TVA, les préconisations du MEDEF ???

Espérons le !

Sinon il est à craindre que les déçus, les crèves la faim, les toujours pauvres, ceux qui se serrent continuellement la ceinture ne se révoltent…

Et souvenez-vous en : « ventre affamé n’a point d’oreille ! »