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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 17:48

Il est des jours comme ça ou l’on se souviens d’une rengaine…

Moi aujourd’hui c’est :

"Nobody knows you when you down and out"…

 dans sa première version, celle de Bessie Smith…

000B-copie-1

Ce n'est pas vraiment une rengaine...

Vous souvenez vous de Bessie Smith?

Grande dame du blues et qui est décédée d’une étrange façon…

Blessée elle a été tranportée vers un hopital …

Refusée (parcequ’elle était black???), elle serait morte sur le chemin du deuxième hôpital en perdant tout son sang…

 Ecoutez...

Voici les paroles originales:

Once I lived the life of a millionaire

Spendind my money, I didn't care

I carried my friends out for a good time
Bying bootleg liquor, champagne and wine

Then I began to fall so low
I didn't have a friend, and no place to go
So if I ever get my hand on a dollar again
I'm gonna hold on to it till them eagle's green

Nobody knows you when you down and out
In my pocket not one penny
And my friends I haven't any
But If I ever get on my feet again
Then I'll meet my long lost friend
 

It's mighty strange, without a doubt 

Nobody knows you when you down and out

I mean when you down and out

Mmmmmmmm.... when you're down and out
Mmmmmmmm... not one penny
And my friends I haven't any
Mmmmmmmm... Well I felt so low
Nobody wants me round their door
Mmmmmmmm... Without a doubt,
No man can use you wen you down and out
I mean when you down and out

....

Et voici ma traduction personnelle :
 

Alors que je vivais la vie d’une millionaire

Jetant à tout vent mon argent en l’air

J’attirais des tas d’amis et de bons copains

Des tonnes de liqueur, de champagne et de vin

Puis je m’suis affalé si bas, si bas

Et n’ai plus eu un copain qui vienne vers moi

Et désormais je sais que si j’ai un dollar

Je l’garderai jusqu'à c’que l’vert s’efface du papelard


Plus personne ne te connais quand t’es dans l’troisième dessous

Dans ma poche y’a plus un seul sou

Et des amis, n’en ai plus aucun du tout 

 Mais si je n'arrive pas à me remettre debout

J’irai trouver mon seul vrai copain

C'est peut-être étrange, c’est certain

Car personne ne te connais quand tu es dans le pétrin

Oui je le répète, quand tu es dans le pétrin

 

 

Hummmmm  encore, toujours dans le pétrin

Ils savent que je suis sans un sou

Et des amis n’en ai pas un, c’est tout

Hummmmm Je suis tombé si bas

Plus personne ne me veut à sa porte

Huuuuumm Sans aucun doute

Plus personne ne te vois quand t’es down and out 

Oui je te le dis, quand t’es down and out

 

...

Voici maintenant la version de Leadbelly, un bluesman à qui l'on doit des thèmes aussi connus que "Bourgeois Blues",  "Irene" ou "Black girl".

Sa voix haut perchée nous offre une interpêtation apparemment plus détachée... Moins "mélo"... Mais en réalité toute empreinte de son expérience : il fut condamné à la prison à vie ... Puis gracié...

Une sorte de Jean Valjean!

Et puis celle d’Otis Redding, l'auteur "Sittin' on the dock of the Bay" avec la retenue qui traduit la grande âme du blues qu’il était…

000O.jpg

Ici l'expression "soul music" prend toute sa dimension... Le "feeling" est là... Un pathos immense certes... Mais qui n'est pas ridicule...

 

Une curiosité: l'interprêtation des "Hot Tuna" (formé par deux membres du Jeffeson Airplane).

000H.jpg

 

On a un stype typiquement "picking"...

Doux et enlevé...  "L'âme" du blues est-elle ici au rendez-vous?

 

Et enfin…  Clapton...

 


000C.jpg

 

Il nous propose la version du thème de Bessie Smith  la plus connue et la plus vendue…

Peut être est-ce là un critère de qualité?

 

 

 

 

 

Techniquement rien à dire. La voix est bien placée et l'accompagnement, un peu lourd tout de même, est bien.

 

Mais alors?

Quid du feeling???

Réécoutez Bessie ou Otis..

Là vous avez de la chair, de l'âme, de l'humain...

Il ne s'agit pas de faire une "jolie" musique mais d'exprimer une réalité sociologique...


Celle bien réelle et bien sentie de la dégueulasserie humaine...

Si t'as pas de fric, bonhomme, les gonzesses et les mecs te tournent le dos!!!

Et si t'es déprimé, copain... T'inquiètes, ils ont trop peur que ce soit une maladie contagieuse!

Exit ta chérie, ta famille, tes copains!

Et pas de danger que leur conscience bien protégée par leur "boîte de conserve" sociale (leur "ti" monde de beaufs) ne vienne les chatouiller la nuit!

Ils te laisseront seul crever!

 

Vous trouvez, vous, que le style "premier de la classe intello" d'Eric Clapton le fait???

Ah bon!

Libre à vous...

 

Là il s'agit encore d'un choix de classe!

Politique! Quand tu nous tiens!

 

Bon... D'accord c'est lui le plus connu du lot...

Et il joue "moderne"...

Et alors?

 

Ah oui! Vous l'avez trouvé à la FNAC...

Tandis que les autres...

 

Bien l'bonsoir!

 


 


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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 10:41

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jabbo Smith?

 

Comparé à Louis Armstrong, période des Hot five et Hot seven (1925 à 1929), Jabbo Smith fut relégué au rôle de suiveur voire d’imitateur... Pire encore, on a dit qu'il était un musicien-technicien hors pair de la trompette mais sans génie…


Pour moi, s’il est un musicien talentueux , c’est bien Jabbo Smith. !

 

 

jabbo

 

Jabbo  est né en  1908 (son véritable nom est Cladys Smith) à Pembroke, Georgia

Son surnom vient peut-être des verbes « to jabbe » : dire avec volubilité ou/et « to jab » : transpercer

Placé dès 6 ans en institution (comme le fut le jeune Louis Armstrong) il y apprend la trompette… Il commence sa vie de musicien professionnel à 16 ans, en travaillant pour Duke Ellington, Fats Waller et James P. Johnson…

En 1929 il forme les Jabbo Smith’ Rhythm Aces (à l’âge de 21 ans) lorsque le Hot Seven de Louis Armstrong est dissout et que ce dernier commence une carrière commerciale sur les planches de Brodway… Jusqu’en 1938 Jabbo loue ses services dans une multitude d’orchestres (Carol Dickerson, Earl Hines, etc. )

En 1938 il enregistre à nouveau quelques plages en tant que leader. Il travaille ensuite avec Claude Hopkins, puis Sidney Bechet (1939), découvre Sarah Vaughan en 1939 (elle a 17 ans !). Jusqu’en 1950 il se produit dans des clubs locaux…  Il ralentit alors ses activités et ne participe qu’occasionnellement à des festivals de jazz…

  

Don Cherry déclare lors du festival de Berlin (1986) son admiration pour Jabbo qu’il considère commel’un des plus grands trompette de jazz

  ....

 

Son style?


Mais quels sont les rapports stylistiques entre Armstrong et Smith ?

                  

A dessein je prendrai l’exemple de « Croonin’ the blues » (1929) (on le trouve sur Deezer). C’est une composition de Jabbo où l’influence d’Armstrong est perceptible. Par sa structure on peut comparer l’intro de ce thème à celle du célèbre « West End Blues » de Satchmo (versus 1928). Les premières mesures de ces deux chefs d’œuvre sont en apparence semblables : on y entend une introduction sans accompagnement. Les deux musiciens développent une ligne mélodique inventive, surprenante. Mais, techniquement ils n’ont pas la même approche instrumentale. Le son de Louis  est rond, lié et riche en vibrato. Celui de Cladis/Jabbo est au contraire net, acéré et chaque note est détachée, sans vibrato, en son « pincé »… C’est ce qui  fait, à mon avis, la particularité de Jabbo Smith et son génie : cette ligne claire, très mélodieuse et qui n’est nullement envahit par le vibrato, couverte par le contrepoint orchestral néo-orléanais, et surtout les soli restent comme improvisés. Ils ne sont pas calibrés pour mettre en avant la technique.

 

Il faut souligner que lorsque Jabbo Smith  signe ses propres disques on entend rarement la batterie et le trombone, qui sont les instruments rythmiques et contrapunctiques emblématiques de l’époque, et sont très présents chez Armstrong…

Les cordes, banjo et guitare, sont les supports rythmiques principaux et développent de superbes improvisations (Connie Wainwright). De plus Jabbo double souvent le tuba.  Cette particularité instrumentale donne une grande puissance aux pièces musicales qui prennent une une couleur inimitable.


louis-armstrong

 

Comment,  alors, soutenir que Smith a copié Armstrong!

Tout en reconnaissant l’absolu génie de Satchmo force est de constater que Jabbo est au même niveau de qualité et d’originalité… Mais il joue dans un registre totalement différent de celui de Louis.

 

Préfigure-t-il Roy Elridge ou Dizzy Gillespie comme l’affirment quelques critiques ?

Pour moi non : ses aigüs ne cèdent jamais à la virtuosité affichée et ses lignes mélodiques restent claires, en rapport avec le thème, toutes en modulations logiques sans volubilité inutile.

 

Jabbo Smith est une étoile filante qui a créé son style sans s’occuper des modes et des appréciations…

 

....

 

Des titres remarquables?

 

« Decatur street tutti » (1929) est tout simplement une merveille de swing et d’inventivité.    

 

« Rhythm in Spain » (1938) avec une polyrythmie et un son de trompette absolument clean, sans vibrato. Cette pièce musicale  illustre l’écart stylistique et l'avance de Jabbo sur ses contemporains…

 

Je citerai aussi, pour souligner cette différence, le beau « Tanguay Blues ».

 

« Let get together » (1929) nous laisse entendre Jabbo Smith « chanteur » mais là il est différent.  Il scande le texte comme les esclaves/ouvriers qui travaillaient dans les champs de coton jusqu’au début du XX ème… Jabbo insère le « dit » traditionnel au sein de  l’orchestre et il en use tout au long de celui-ci. C’est tout simplement le premier rap, le premier slam… On est en 1929 !

 

Il faut aussi entendre « Take me to the river » (1929) (un traditionnel) pour comprendre ce que peut être le jazz… Ah ces aigus à la trompette ! Et le découpage du phrasé mélodique ! Et l’inouï scat-rap accompagné en ostinato par les deux tubas émaillés d’éclats de banjo aigre… Un chef-d’œuvre!

 

Et ce n’est pas par hasard si Jabbo rejoindra le grand Fats Waller… Ecoutez ce titre, un chef-d’œuvre d’humour en forme de constatation « How can cupid be so stupid ? » (1938)

 

 

 

A partir de cette époque, face à la montée du tsunami variété/commercial (jazz hot et swing) qui déferle au début des années trente, Jabbo Smith ne joue plus que dans des orchestres locaux et il n’enregistre plus : retrait, silence…


Au total ce grand trompette aura enregistré en tant que leader une trentaine de « plages »!

Jabbo 324

....


La place de Jabbo ... dans les bacs à disques!

 

Jabbo Smith est un héro romantique et social,  un « suicidé de la société » au sens d’ Artaud  (un talent immense non exprimé).

« Suicidé » tout comme d’autres artistes, ici et maintenant, honnêtement géniaux que les médias ne programment pas...

Trop anciens, trop différents, inécoutables parceque trop en avance, même aujourd'hui (ce qui arrive assez souvent pour les compositeurs de musique dite "classique") ces vieux maîtres ne sont  surtout pas assez commerciaux-rentables car ils restent non intégrables dans nos futiles modes relevant seulement de l’intérêt économique… On les dit alors « difficiles », ou on les classe, comme Jabbo, dans la stupide catégorie « musicien pour musiciens »…


Qu’iraient faire les majors en promouvant des musiciens dont l'intérêt et la qualité ne se sont pas démenties après 80 ans ?

Et comment ces "sociétés" pour qui seul le fric compte pourraient-elles justifier leur prix  de vente élevé et sans rapport avec le coût de la production... Comment pourraient-elles justifier leurs énormes bénéfices si les droits d’auteurs sont de longue date épuisés ?


Les majors ne rééditent donc les compilations de ces musiciens anciens qu'en rechignant et il est bien difficile, en nos lointaines campagnes de se les procurer... Pour ces "branques ", animateurs de "Star Ac." et autres "Nouvelle Star", il faut d’abord écouler les stocks  de « m…des » commerciales qui seront, tout comme les fringues, les I-pod, les écrans plats, les bagnoles, les savonnettes, les papiers hygiéniques dépassés, ringardisés en une ou deux semaines…

 

L’économie, qui commande tout, relègue aux oubliettes les bonnes comme les mauvaises choses. Et ce faisant, la planète s’épuise !

 

Et nous, nous pauvre public auquel on offre en permanence de la bouillie prémâchée, nous n’entendons jamais parler de ces créateurs qui parlent de l'âme humaine…

Et puis, d'ailleurs, nous ne nous entendons plus… littéralement ! Silence sur les idées jugées subversives, les musiques universelles, les chants de liberté ! L’omerta du pouvoir est très efficace !

 

....

 

Big Brother te regarde. Tu trouves cela normal. Tu es un robot. Tu n'entends que les rengaines que l'on veut te faire acheter. Tu as le regard vide. Tu es vide. Tu ne le sais pas.

Déjà tes neurones sont formatés par les basses besognes de ceux qui commandent les médias…

Un petit chef sautillant va rendre visite à ses copains dans un « bistrot » sur les Champs Elysées.

Il n’aime pas la "Princesse de Clève" !


......


Les références?


Références bibliographiques.

 

Balen (Noël) : « L’odyssée du jazz », Liana Levy (1993)

 (Len) : Jabbo Smith (RedhotJazz) (1992)

 

Références discographiques

 

Jabbo Smith in chronology (Complete jazz série 1928-1929) IUS (2009)

Jabbo Smith and his rhytm aces (1929 – the complete set) IOD (1996)

Jabbo Smith: The  Complete hidden treasure sessions (Lonehill Jazz) (2008)

 

On peut aussi écouter Jabbo Smith  sur redhotjazz.com

 

P.S. : Une remarque enfin. Les vidéos où l’on peut voir Jabbo Smith sur DailyMotion par exemple (Original dixieland One Step-Jabbo Smith, Love Jabbo Smith) ont été tournées sur la fin de sa vie au moment où, pour des raisons économiques il se produisait dans un orchestre dixieland de très médiocre qualité... Il vaut donc mieux pour connaître le grand oeuvre de Jabbo Smith, ses premiers enregistrements. Là  est sa force créatrice! 

 

 

 

 

 

 

 

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 14:23

 

Moi---Copie.jpgHier sur Arte… place au Rock !  

 

Avec aux manettes ce chien de P. Manœuvre, qui bien que nous servant souvent des louanges superliftées sur des artistes de troisième zone qui pourraient illustrer un road-movie de Quentin Tarantino suant la violence et le sperme, ce chien donc, nous drifta une soirée digne et respectable consacrée au Rock avec en vedette ce chien lubrique de Chuck Berry et ensuite nous proposa un documentaire apologistique nassillard louangeant un mignon petit Yorkshire tout d’Email Diamant et de Gomina paré: j’ai nommé le sieur Elvis Presley…

 

Lors il fut loisible pour l’inculte que je suis (une chienne Monsieur, une chienne vous dis-je !) de comparer les déhanchements désordonnés et maladroits de l’un, le mignon petit Yorkshire, avec l’autre pratiquant la marche des canards de l’évadé fiscal, un chien Monsieur, un chien ! Beaux au demeurant mais par trop coquins… Oui Monsieur ! Non je ne regarderai pas ses contorsions !

 

Mais ce n’est pas du sexe des anges que je désirai m’entretenir ici… Non Monsieur. ???  Comment ? Oui oui ! Je sais bien ce que vous attendez de moi !

 

Non je voulais donner tout de go, en bonne béotienne de cette musique de chiens que l’on nomme Rock, ou Rockabbilly  tel qu’il était alors nommé, ou d’un quelconque autre vocable que seul ce chien de Philippe Manœuvre est en mesure de définir… Donner mon avis de donzelle qui regarde se trémousser ces chiens lubriques !

 

……………………………………………….

 

Et c’est au grand Chuck que revient la palme !

 

chuck-berry-copie-1.jpg

 

 

Quel talent en cette année 1972 au BBC theater !

Devant un parterre pourtant sacrément engoncé de jeunes qui ressemblent déjà aux vieilles carnes qu’ils deviendrons…à coup sûr ! Une pâtée pour minous tout mous Monsieur ! Rien, pas une « pointe » qui remue pour exprimer un contentement, simplement…

Même pas un désir !

 

Le Chuck est là, il bouge, il sue, il rie, il ironise…

Le Chuck joue ses compositions, des vraies, des personelles, de bons vieux rocks qui foutent le feu…

Et aussi des « blouses » bien lourds qui parlent des filles - qui sont des chiennes - qui picolent de la bière, qui ne veulent plus… Qui ne veulent plus ?  Pourquoiiiiiii ?????

 

Et les rifs nerveux sont secs comme des lames qui viennent de surgir…

Et les accords plaqués, sourds, répétés percutent, scandent, rythment !

Mais Chuck c’est un chien ! Voyez comme il bouge… Un battement de cœur, un claquement de doigts… Et one ! Et two ! Et three ! Et four ! … 1,2,3,4 !

 

Eclaté ! Une machine à suer le rythme Monsieur !  Le buste est immobile, les jambes toujours en action… J’allais dire les membres … Qu’auriez-vous pensé de moi Monsieur ?

 

Ca flaire bon la santé, la joie, la jeunesse !

Un rock émacié, musclé…

Loin des convenances commerciales… Authentique !

Ce Chuck, c’est un chien Monsieur !

 

……………………………….

 

Le ton est ensuite plus glauque !

Les parangons du sieur Elvis nous le présentent comme un toutou avec pédigré…

Papa ouvrier, les docks, les camions…

 

Elvis-Presley.jpg

 

Elis arrive après James Dean…

Et Marlon Brando…

Ce sont eux les vrais inventeurs du Rock… de l’esprit Rock…

 

Pour la musique, Monsieur, il faut aller voir du côté des exclus des rejetés de cette société américaine blanche, sûre d’elle, sans complexe… Qui bientôt va aduler son petit caniche… Un toutou qui sait si bien faire son petit numéro de cirque : Elvis !

Presley…. Ouuuuuhhh ! O0uuuuuuhhhh ! Font les pucelles ennamourées…

 

Pour la musique il faut aller voir vers les Louis Jordan, Chubby Checker, Bo Diddley, Ray Charles… Ca vous défrise Monsieur???

 

Les racines du rock sont a chercher dans les musiques blacks comme on dit quand on est bobo… Moi je me sers des termes nobles et terribles : noirs, nègres… Je ne transige pas! Je suis une chienne monsieur !

 

Les « noirs », les « négres », ce sont eux qui ont créé le blues, le jazz…

Non monsieur le mot jazz je ne l’emploie pas ! Je lui préfère « the great black music » utilisé par le grand Duke…

 

Le « jazz » c’est trop connoté ! Le terme a été inventé par ces « Elvis » qui ont enregistré le premier disque de « jazz » en 1917, l’Original Dixieland JASS Band, des palôts qui se grimaient avec du cirage ! Des types « bien comme il faut » dans cette Amérique ségrégationniste des années 20… Des mecs qui utilisent le mot « jass » (« baiser ») pour sous-entendre qu’ils imitent des musiques de chiens ! Oui Monsieur ! Jass qui deviendra Jazz très rapidement (c'est plus correque!)…

Le mot « jazz » il pue ! Il faut le dire Monsieur, il pue !

 

773

jazz.jpg

Et ces musiques qui sentent la faim, la rage, le sexe… Ces musiques de chien, Monsieur, ce sont des noirs qui les ont mise au monde, qui les ont accouchées dans la peine et dans la douleur… Aussi vrai que je suis une chienne !

 

Alors l’Elvis… L’Elvis il n’a rien fait que de se glisser dans une boite trop grande pour lui…


Il a picoré les musiques de ci, de là…  Il a piqué les titres, les fringues, il a essayé de piquer les gestes, il a piqué les révoltes pour les digérer et en faire quelque chose qui plaise à ces yankee pâlots fans de hibilly, qui passe dans les radios, qui se vende, qui fasse une montagne de flouze…

 

Ecoutez Elvis. Ses meilleures chansons sont toutes des reprises… Un peu comme… Comme notre Johnny national !

 

Rien à voir avec ce chien de Chuck Berry issu du ghetto…

Mais parlons vrai : ses choix, à Elvis, ils étaient, d’une certaine façon, légitimes. Ce gentil toutou aimait vraiment les musiques des chiens enragés ! Il en est même venu à chanter des gospels… Oui des gospels Monsieur !

 

Mais regardez le bouger, l’Elvis… Regardez-le Monsieur ! Il est toujours à côté du rythme… Il ne swingue pas Monsieur !

 

Bon c’est vrai entre 1956 et 1958 il chante de façon splendide….

Mais il ne swingue pas !  Il ne pulse pas ! Même si, sur scène, il gesticule à tout va !

Pour sentir cette rage pulsionnelle qui s’appelle le rock il faut se tourner vers Chuck, Eddie, little Richard, Jerry Lee Lewis…

 

Oui Monsieur, le rock, le vrai ce n’est pas seulement une affaire de couleur de peau… C’est une affaire de classe sociale !

 

Et derrière ce gentil banané, émail diamanté, gominé qui va se transformer très rapidement en poussah parano se profile l’armée des financiers… Ceux qui n’en ont rien à faire de la musique… Rien à faire… Ceux qui cherchent un musicien blanc qui chante comme les noirs, parce que c’est bon Monsieur, l’odeur de l’oseille… Elvis qui va en crever!

 

Ce sont eux qui ont tué les Jabbo Smith, les Bessie Smith, les Tommy Ladnier, les Charlie Christian, les Billie Holliday, les Bird, les Albert Ayler (j’en passe, j’en passe)… En les dépossédant de leur art !

 

Cette belle soirée d’hier m’a fait penser à tout ça, Mais pas que.... Monsieur....

Parce que je suis une chienne Monsieur !

 

Voila ! Je pourrais continuer encore un bout de temps… Mais il est tard Monsieur…

 

 

(Merci Arte !)

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