Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de buridan.over-blog.com
  • : "Avec nous, Fracturés grandioses! Orateurs de tous bords et débords! Scissurés majeurs du Rolando à Flots! Oui! Avec nous pour nous aérer le maboul des nerfs que coince notre bourrichon bridé! Pour nous oxygéner la gnognotte et le rien du rien! Pour nous permettre de respirer un brin! De reprendre souffle, avant de laisser s'exprimer, plein tube, tout ce qui est en nous enfoui: le rapetitit grand style et le gnangnan virtuose; l'idiotie à coulisse et le traviole trois étoiles!" (j.p. W)
  • Contact

Profil

  • buridan.over-blog.com
  • Le doute est le sel de l'esprit, sans la pointe de doute, toutes les connaissances  sont bientôt  pourries. .......
Le doute n'est pas au-dessous  du savoir, mais au-dessus. (Alain)
  • Le doute est le sel de l'esprit, sans la pointe de doute, toutes les connaissances sont bientôt pourries. ....... Le doute n'est pas au-dessous du savoir, mais au-dessus. (Alain)

Archives

13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 18:28

Image1-copie-21.jpg

FIGURE 1 : A : Rhinoclavis (Pseudovertagus) gea (d'Orbigny, 1848) (et var. ornata, n. var). B : Pseudoaluco (Globulocerithium) vignyensis, (Bouniol, 1981). C: Benoistia pisolithica, Chavan, 1948. D : Triforis (Epetrium) montensis, Glibert, 1973. E : cf. Cerithiopsis bruennichi, Ravn, 1903. F : cf. Potamides sp. G : Seila aff. tenuifila (Briart et Cornet, 1877). Toutes les barres correspondent à 10 mm.

Image6-copie-3

FIGURE 2 : A : Chondrocerithium instabile (Briart & Cornet, 1873). B : Cerithium (Campanilopsis) uniplicatum (d'Orbigny, 1845). C : Cerithium (Campanilopsis) uniplicatum (d'Orbigny, 1845) var dimorphum (d'Orbigny, 1845). D :   Campanile maximum (Binkhorst, 1861). E : "Cerithiopsis sp.". Toutes les barres correspondent à 10 mm.

REDESCRIPTION DE  CAMPANILOPSIS UNIPLICATUM,  (d'Orbigny, 1848) (texte de 1987)

Cerithiumuniplicatum, d'Orbigny, 1848 (1850), B.S.G.F. (2), t. VII

Cerithium Ryckholti, Briart & Cornet, 1873, fasc. 2, p. 46, pl. IX, fig. 10 

Cerithium Corneti, Rutot & Van den Broeck, 1886, Ann. Soc. Géol. Belg. t XIII, p. 122

Cerithium corneti, Vincent, 1930, p. 27

Holotype : col. Hébert (d’Orbigny) U. Paris VII

Description. Grande coquille turriculée, épaisse. Angle spiral important : 23 à 27°. Coquille embryonnaire et premiers tours inconnus. Plus jeune spire observable ornée de 4 cordons spiraux subégaux, assez larges. Rapidement le cordon adapical s'élargit tandis qu'apparaît dans l'intervalle séparant les autres cordons de minces filets spiraux. Lorque la coquille atteint 40mm, la bande spirale occupe 1/3 de la hauteur et elle s'orne de bourrelets réguliers peu saillants et espacés. Les trois cordons antérieurs bien plus étroits s’ornent de granules resserrés. Entre les deux cordons médians,espacés, le filet spiral s'épaissit rapidement et s'orne de granules. On a donc alors 4 cordons spiraux granuleux situés au-dessus de la large bande adapicale. Quand la coquille atteint 80mm, les trois cordons médio-spiraux forment des bandes presque planes séparées par des sillons d'égale largeur, également plans. La large bande adapicale ne montre alors que de vagues ondulations. La suture, bien dessinée, est soulignée par un léger décrochage dû au recouvrement de la spire suivante. Quand la coquille atteint son plein développement, c'est-à-dire 180 à 200 mmde long, l'ornementation granuleuse des cordons est complètement disparue. Ils forment alors des bandes onduleuses subplanes faisant très peu relief sur la surface spirale. Leur intervalle est marquée de très fins filets spiraux, lesquels ne sont visibles que sur les exmplaires exceptionnellement conservés. Sur l'ensemble de la coquille on n'observe pratiquement pas d'ornementation transversale (rares lignes d'accroissement largement et régulièrement opistogyres). Surface basale très peu élevée, légèrement convexe, lisse, largement arrondie sur sa périphérie. Columelle, courte, subdroite, s'évasant obliquement au niveau du fort repli siphonal qui la termine, Celui-ci borde une échancrure siphonale oblique, étroite et très profonde. Le labre, non réfléchi, non épaissi est largement prosocyrte dans sa région basale et opistocyrte extérieurement. Bord pariétal très mince, discret.

Le moule interne est caractérisé par son galbe arrondi. Le repli siphonal est constant et l'on n'observe aucun pli columellaire véritable. Sur les jeunes exemplaires apparaissent périodiquement 4 denticules internes disposés comme suit : deux, épais et arrondis, sont disposés sur la surface basale du labre; un autre se situe sur la partie antéro-externe du labre; le dernier arrondi, placé sur le bord pariétal, est proche de l'angle pariéto-labral.

Dimensions, Echantillon XVII 16 (moulage), 12 spires. Hauteur; 155 mm. Diamètre dernier tour : 64 mm, Hauteur du dernier tour : 21 mm.

REMARQUES SUR LE TAXON CAMPANILOPSIS, Chavan, 1948

Les grands "Cérithes", très abondants à Vigny, ont été séparés, par Chavan en 1948, en deux ensembles fort éloignés systématiquement.

A) Les formes rattachées au Sous-Genre Campanilopsis créé par Chavan pour les espèces ne montrant qu'un pli columellaire (pli siphonal) et qui ont été rattachées au genre Telescopium Montfort, 1810, donc à la famille des Potamididae.

B) Les formes rattachées au  genre Campanile, Bayle, 1884 regroupent les espèces qui montrent deux plis columellaires (en comptant le pli siphonal), lesquelles font partie (selon Wenz, Moore, et Abbott; plus anciennement selon Cossmann et Boussac) de la famille des Cerithidae,

Les espèces suivantes du DANIEN et du MONTIEN franco-belge sont a regrouper dans le sous-genre CAMPANILOPSIS :

- « Cerithium » dimorphum,    d'Orbigny, 1848 (1850),  de Montainville

- « Cerithium » Coemansi,    Briart & Cornet, 1873,   de Mons  

Ces taxons sont a fondre en en une seule et même espèce : « Telescopium » (Campanilopsis) dimorphum, (d'Orbigny) fide CHAVAN,1949.

J'ajouterai au genre Campanilopsis, selon les critères de Glibert, 1973 (p, 36) : 

- « Cerithium » uniplicatum,   d'Orbigny, 1848 (1850)   de Vigny

- « Cerithium »  Corneti,     Rutot & Van den Broeck, 1886 de Cuesmes

Les espèces suivantes du DANIEN et du MONTIEN franco-belge sont regroupées dans le genre CAMPANILE;

- « Cerithium » Hebertianum,   d'Orbigny, 1848 (1850)   de Montainville et Vigny

- « Cerithium » nerineale,    Briart & Cornet, 1877   de Mons

- « Cerithium » Barroisi,    Briart & Cornet, 1877   de Mons

- « Cerithium » Chelloneixi,   Briart & Cornet, 1877   de Mons

- « Cerithium » Ryckholti,    Briart 1 Cornet, 1873   de Mons

Ces dernières espèces me semblent devoir être regroupées dans une seul et même espèce : Campanile hebertianum, (d'Orbigny) fide CHAVAN, 1949 .

- « Cerithium » maximum,     Binkhorst, 1861      de Ciply

- « Cerithium » Briarti     Rutot & van den Broeck, 1886 de Cuesmes sont a regrouper dans l’espèce

Campanile maximum (Binkhorst) fide VINCENT, 1930.

Remarques. A/ La croissance des premiers tours est imparfaitement connue pour les taxons incriminés. Les jeunes exemplaires montrent une évolution ornementale comparable et un galbe identique. Il est donc difficile d'admettre un écart systématique aussi important (familles différentes). La variabilité de chacune des espèces (par exemple C. dimorphum et Ct hebertianum) est très vraisemblablement tributaire des conditions environnementales et on ne peut utiliser de tels critères pour fragmenter les espèces.

B/ Le rattachement des espèces daniennes et contiennes à Telescopium est pour le moins douteux. Ce genre n'est effectivement connu de façon certaine qu'a partir de l'Oligocène (Stampien de Gaas). En outre Telescopium montre, contrairement à Campanilopsis des premiers tours subimbriqués ornés de cordons spiraux lisses, un pli columellaire plus bas, plus épais, plus arrondi et enfin une columelle très courte et oblique…

Ces deux remarques s'ajoutent au fait qu'à Vigny la séparation des grands "Cérithes" est extrêmement délicate…

Comparaisons. Pour ce qui concerne les campaniles de Vigny, les moules internes permettent de séparer Campanilopsis et Campanile. Les moules internes de Campanilopsis se reconnaissent par leur galbe non caréné extérieurement. Les spires sont largement décollées et on observe seulement sur les premières spires les denticules périodiques.

Campanile se reconnaît par l'allure ogivale sub-carénée des spires du moule interne. Celles-ci plus recouvrantes, moins décollées, sont, en section, subquadrangulaires. Elles portent la trace constante d'au moins deux plis (siphonal + columellaire) sur l’axe columellaire mais parfois aussi sur le plafond de la spire…

Je rattache à C. uniplicatum le Cerithium ryckholti, Briart & Cornet, (1873, fasc. 2, p. 46, pl. IX, fig. 10) à cause de son ornementation spirale, de la position de ses denticules internes et de son unique pli siphonal.

Enfin la description donnée par M. Leriche (1912, p, 82) dun moule interne de C. corneti correspond en tous points à Campanilopsis uniplicatum.

Image4-copie-5.jpgFIGURE 3 : A : Hipponyx consobrinus, (d'Orbigny, 1848). B : Hipponyx ornatissimus, (dOrbigny, 1858).C : Calyptraea supracretacea (d'Orbigny, 1848). Les barres correspondent à 5 mm.

Image7-copie-2.jpg

FIGURE 4 : A : Ampullella lavallei, (Briart & Cornet, 1877). B : Tylostoma ampullariaeforme, Ravn, 1902. Les barres correspondent à 10 mm.

 

 

Image1-copie-22.jpg

FIGURE 5 : A : Paleocypraea suecica, Shilder, 1828, var cretacea, Chavan, 1945. B : Eocypraea bullaria (Schlotheim). C : Charonia (Sassia) rutoti, (Vincent, 1930). Les barres correspondent à 10 mm.

Image2-copie-10.jpg

FIGURE 6 : A : Charonia (Sassia) subglabra (Ravn, 1933). B : Hemaplex (Murexul) hannonicus, (Briart & Cornet, 1870) (figure de Briart & Cornet). C : Colombarium heberti, (Briart & Cornet, 1870). D : Latirus (Dolicholatirus) ravni  Chavan, 1949. E : Levifusus aff. irrasus (Conrad, 1834). F : Streptochetus supracretacea (d'Orbigny, 1848). Les barres correspondent à 10 mm.

Levifusus-aff.-mortoniopsis-Gabb-1860-.jpg

FIGURE 7: Levifusus aff. mortoniopsis(Gabb 1860) La barre correspond à 10 mm.

FIGURE 8 : A: Tylostoma ampullariaforme, Ravn, 1902, B: Paleocypraea suecica, Schilder, 1928, var. cretacea, Chavan, 1949, C : Charonia (Sassia) rutoti, Vincent 1930, D: Columbarium heberti (Briart & Cornet, 1870), E : Oliva sp. F: Pseudoilva robusta, Briart & Cornet, 1870, G : Vexillum (Conomitra) vignyensis, d'Orbigny, 1848, H: Streptochetus supracretacea (d'Orbigny, 1848), I: Caricella grandis, n. sp. fide Meyer manus. 1985, J: Strigatella (Mitreola) subfusiformis (d'Orbigny 1848), K: Scaphella vignyensis (Chavan, 1949), L: Turricula (Surcula) stevenstrupii (Ravn, 1902)

 

DONNÉES DÉDUITES DES GASTÉROPODES DE VIGNY (texte de 1985)

 

 

REFLEXIONS : LE CHEMIN EST ARDU POUR LE SOLITAIRE...

 

C'était en 1990... Période personnelle très difficile. Divorce annoncé après de longues, très longues années d'empêchement: originaux déchirés, insultes.

Faute de travail dans mon domaine, la géologie, j'avais décidé de devenir instit...

Maître d'école: depuis l'enfance j'en rêvais!

Mais voilà tout s'accumulait.

J'essayais de faire face. Deux enfants dont je n'avais quasiment pas le temps de m'occuper. Prépa nombreuses et longues. Ma mère, 80 ans, devenait aveugle et était de plus en plus dépendante. Elle venait de subir un accident grave. Mes travaux en géologie (IGAL) bloqués, évidemment.

 

 

A Aubigny-sur-Nère où elle s'était rendu seule (train et car) elle avait été renversée par un chauffard qui avait pris la fuite... C'était samedi, le jour du marché... Il avait fait marche arrière brutalement... Pas de témoins dans cette petite ville où les crapules ont pignon sur rue. Elle avait été hospitalisée à Bourges. Mon frère enchaîné à son boulot de préparateur en pharmacie n'avait décidément pas le temps de venir s'en occuper!

Revenue à Paris les disputes entre mon épouse et ma mère étaient incessantes...

A plusieurs reprises, M., 44 ans, infirmière et accessoirement maire-adjoint de la commune où nous résidions, l'avait, à plusieurs reprises, très violemment molesté. Ses activités municipales lui avaient gonflé les chevilles et engourdi le cerveau. Elle me regardait de haut et méprisait ma famille. Elle venait de rencontrer un gandin filiforme et chauve. Je ne le savais pas. Le plus amusant c'est qu'elle m'accusait de l'avoir trompé alors que, même en le souhaitant, je n'en avais absolument ni le désir, ni le temps, ni l'argent.

Donc tout retombait sur mes frêles épaules... Et avec de très grandes difficultés je partageais mon temps entre l'école, le travail domestique (mon ex était toujours absente) et des responsabilités politiques... Mais je continuais avec obstination mon travail sur Vigny... Contre vent et marée.

Ce qui devait arriver, arriva... Je craquais... Dépression... Hospitalisation.

 

 

 

Dans les phases d'accalmie, je peaufinais mon travail le plus avancé: la description de Ceratisepia elongata. Ceci sans aide d'aucune sorte, matérielle, financière, psychologique et subissant toujours les pressions extérieures qui viennent d'être esquissées.

Personne à l'IGAL de ceux qui m'avaient accueilli entre 1982 et 1986 lorsque je bénéficiais d'une bourse DAFCO, ne s'enquéraient de ce qui m'arrivait...

On m'avait refilé un stage merdique qui n'avait aucun rapport avec la géologie de terrain : informatique à St Denis, puis à la Défense et basta!

Les bons stages c'étaient pour ceux qui possédaient le réseau (familles aisées où déjà implantée dans le milieu de la recherche)... N'étaient épargnés que quelques lèche-culs, les faire-valoir d'une école privée très onéreuse. Moi, le riquiqui pauvre, avec mes travaux entamés depuis plus de trente ans sur le gisement de Vigny, pensez-vous!

 

 

Autre conséquence de cette situation: j'avais perdu de vue les amis de la SAGA (société de géologues amateurs) qui m'avaient si souvent soutenus. Pareillement pour mes relations au MHNP et à la fac de Jussieu.

 

1990 : sursaut d'espérance. Je m'inscris pour participer au symposium F. Roman qui doit se tenir à Lyon les 17-21 juillet 1990... Le comité de lecture accepte mon travail, donc ma communication sur Ceratisepia... Cela coûte cher et je ne dispose pas du matériel pour présenter des photographies convenables. Qu'à cela ne tienne cette communication sera illustrée principalement par mes dessins!

1993 un certain Jean Michel Pacaud me téléphone. Il s'intéresse aux mollusques fossiles du paléogène. Il voudrait voir mes échantillons. Je l'invite à venir chez moi...

 

 

...

 

1978 : Je suis vacataire à mi-temps au MNHN (Muséum national d'histoire naturelle de Paris) tantôt dans le labo de D. Russell et D. Sigogneau, tantôt dans l'atelier de préparation et consolidations des échantillons (je ne me souviens plus du nom précis de cet endroit)... Ma paie suffit juste à ma survie. Mais j'ai du temps disponible.

Un jour sur deux je me rends à Vigny dans la carrière du Bois des Roches... L'exploitation de la pierre à moellon tourne au ralentit. Appareil photo en bandoulière, massette et marteau de géologue dans la besace, pâte à modeler et Rhodosil dans les sacoches du vélo (plus tard dans le coffre de la voiture). Les magnifiques escarpements, la pierre à nu, offrent au regard toute la complexité du site... A l'est de la carrière principale, on observe les blocs glissés de calcaire bioclastique fin pris dans la boue crayeuse consolidée qui les a entrainés tel que Guillevin les a signalés deux ans plus tôt...  Ceux-ci seront "découverts", en 1991, par les "gens" de l'Igal!

 

Les plans de faille de rupture périphérique, signalés en 1958 par Marlière, sont alors parfaitement visibles... Ce sera encore une "découverte" des gens de l'Igal!

Chaque visite sur le terrain est alors couronné d'une découverte... Un échantillon exceptionnel, une observation de terrain... En 1980, Pascal Bouniol, que j'ai rencontré dans les sous-sol de Jussieu (il étudiait alors les cérithidés paléogènes), m'accompagne parfois sur le terrain. Je participe assez fréquemment aux sorties organisées par la SAGA (dans la mesure de mes modestes moyens) et assiste régulièrement aux conférences données dans l'amphithéâtre du pavillon "minéralogie" au MNHN... A plusieurs reprises je fais des conférences à propos d'un aspect du gisement de Vigny (paléontologie, description de l'écosystème récifal danien, sépidés, etc...) et guide des sorties sur le terrain...

 

Il faut dire, qu'à l'époque, consacrer du temps, des efforts et beaucoup d'argent au danien de Vigny, de Montainville, de Laversine et de Bray-Lû semble incongru sinon farfelu... C'est du moins ce qui ressort des conversations que j'ai eu dans les années 75 avec C. Pomerol, J. C. Fisher, F. Lapierre... Seuls Glibert, Marlière et les chercheurs rencontrés à Copenhague en 1981 semblent apporter un crédit à ce genre de recherche... Après 1982 les conversations avec C. Montenat et P. Ott d'Estevou font preuve du même esprit circonspect:

Vigny? pffff! Un gisement pour les amateurs!

 

...

 

Mon objectif était simple à énoncer et difficile à réaliser: comprendre l'évolution des dépôts qualifiés alors de dano-montiens de Vigny.

L'accumulation d'échantillons, leur tri, leur traitement, la documentation inhérente qu'il fallait se procurer représentaient, outre l'aspect chronophage de ces activités un coût considérable

Les boites en plastique pour ranger les fossiles (je donne les prix en équivalent euro). Le carton de petites boîtes (200) : environ 115 euro; les boites moyennes (70) : 100 euros; les boites moyennes-grandes (50) : 80 euros; les grandes boîtes (20) : 50 euros. Le silicone de moulage : entre 45 et 55 euros le kilo.

Sans compter le temps,  les déplacements et le coût de la documentation je pense que la totalité des échantillons de mollusques trouvés à Vigny représentent rien que pour les moulages et le rangement dans des boîtes quelque chose comme 1600 euros (somme minimale)

Si l'on y ajoute les déplacements, les photographies, les dessins et la doc on double facilement cette somme. 3200 euros ad minima.

Mais il s'agit, là, de l'aspect simplement (bassement...) matériel. Bah! Fi donc!

 

...

 

Car pour trouver et classer les espèces, il faut d'abords reconnaître celles qui sont déjà connues... Une maîtrise des documents, leur mémorisation qui n'est pas simple du tout.

 

Je ne prendrai qu'un seul exemple: Ceratisepia elongata.

En 1974 je trouvai un échantillon bizarre.

On y voyait des loges et un énorme siphon placé sur le haut de la spire... De quoi s'agissait-il?

Un céphalopode à l'évidence. Mais ce n'était pas un nautile. Le siphon était trop large et placé sur le haut de la spire... Et ce premier échantillon ne correspondait en rien aux coléoïdes tels qu'ils étaient décrits alors... Pendant un temps j'ai crû qu'il s'agissait tout bonnement d'un nouveau taxon de rang élevé (famille, ordre)... Si je me réjouissais de cette découverte, je n'étais pas complètement satisfait. Un seul exemplaire ne pouvait servir à la définition d'une nouvelle famille et à fortiori pour celle d'un ordre.

Il a fallu attendre deux ans pour trouver un deuxième exemplaire... Mais sur ce dernier le siphon très large était en position ventrale (ventro-spirale)... Trop différent du premier... A ce moment, je pensais simplement qu'il s'agissait de deux espèces différentes... Espèces que je n'arrivais toujours pas à rattacher à un quelconque taxon des céphalopodes. Des incertae sedis dans la plus pure expression du terme!

Heureusement, un troisième exemplaire, plus complet, apporta enfin une réponse partielle. L'organisation septale de ce nouveau céphalopode rappelait singulièrement le moulage obtenu à partir de la cavité phragmoconique de Belosepia...

 

La démarche à suivre s'imposait. Il fallait obtenir le plus possible d'éléments diagnostiques pour bien cerner l'espèce nouvelle de Vigny. Je ne sais pourquoi, mais lorsque l'on sait ce que l'on cherche, on le trouve. Sur les centaines de personnes que j'ai guidée à Vigny seules une ou deux ont trouvé un exemplaire de ma nouvelle espèce! Bien vite les échantillons du nouveau céphalopode s'accumulèrent. Non sans soulever de nouvelles questions...

Deux "morphes", l'un étroit, l'autre large se distinguaient dans la masse relativement importante des échantillons. S'agissait-il d'espèces distinctes ou simplement de variant phénotypiques? Les statistiques eurent raison de cette interrogation... Ni l'une, ni l'autre, car la proportion équivalente en nombre d'échantillons laissait place à une hypothèse plus convaincante: un dimorphisme sexuel...

La description des nouveaux taxons, leur implication synécologique et leur placement au sein des lignées évolutives fut juste tributaire d'un complément de recherche documentaire et d'une aide matériel apportée par mes amis du MHHN... Ce fut la partie la plus simple : elle ne me pris qu'une seule année.

 

Cette anecdote pour dire que la découverte, ou plus simplement le repérage d'une nouvelle espèce se fait d'abord sur le terrain au prix de longues années, en récoltant des échantillons dont la recherche s'affine au fur et à mesure des trouvailles. Elle ne peut être le fait du factotum qui range des petites boîtes donne des noms nouveaux à ce que d'autres ont trouvés. Ces "petites mains", carriéristes ou amateurs, qui lui offrent son travail et par là même sa notoriété. Ces gens de terrain qui, quoique trop souvent méprisés, sont les véritables observateurs, découvreurs et donc inventeurs des nouvelles espèces...

 

Le passionné, le vrai, d'ailleurs, se fout complètement d'apposer son nom après un obscur verbiage latin ou grec, il se moque de cette lubie. Il cherche et il trouve. Voilà tout!

 

Très rapidement les nouvelles espèces s'accumulaient et en 1987 j'en dénombrais déjà 345 dont près de 85 % étaient signalées pour la première fois à Vigny.

J'écrivais "Seule l'étude globale de TOUS les groupes d'organismes représentés dans le gisement permet de lever le voile pour ce qui est de l'attribution de ce gisement au Danien ou au Montien"... En fait je pensais - bien au-delà de la seule attribution stratigraphique - à la compréhension GLOBALE des écosystèmes dont témoignent les dépôts "pisolithiques" de Vigny!

...

 

1993 Jean Michel Pacaud me téléphone. Il s'intéresse aux mollusques fossiles du paléogène. Il voudrait voir mes échantillons. Je l'invite à venir chez moi...

Il est surpris par l'importance des échantillons collectés dans les gisements attribués au dano-montien... Je lui indique qu'une part importante de ceux-ci est déjà déterminée taxonomiquement et qu'il s'agit pour une part importante de nouvelles espèces... Cependant la rédaction des diagnoses avance lentement en raison de mes difficultés passagères (divorce, dépression, etc...).

Il m'invite à son tour chez lui, me montre ses collections, ses dessins... Je suis heureux d'avoir trouvé quelqu'un à qui parler de mes travaux.. Je lui fais lire mes écrits... Notamment les premières diagnoses concernant quelques espèces "phare" de Vigny... Il m'indique quelques corrections à faire... Je lui confie tous mes manuscrits.

Durant sept ans nous gardons contact. Je lui fais part de mon intérêt pour ce qui concerne l'origine des silex...

Nous assistons ensemble à une réunion ministérielle en 1999. Je prends la parole pour demander le classement du gisement de Vigny, co-stratotype du danien au titre de patrimoine national...

 

Cependant ma situation est de plus en plus difficile (je ne puis ici en parler). J.M. Pacaud m'aide alors financièrement. C'est, alors, le seul ami sur lequel je puisse compter!

A nouveau les nuages s'accumulent: ma mère, ma compagne et une amie meurent simultanément... Les trois sont atteintes d'un lymphome (doublée d'une adénopathie pour ma mère consécutive à son accident)... Je vois dans cette coïncidence une origine factuelle.... Peut être Tchernobyl ?

Je reprends pied, pourtant, assez rapidement....

J. M. Pacaud, qui vient d'être engagé par le MNHN m'annonce qu'il prépare une étude globale sur les lamellibranches et gastéropodes du dano-montien du bassin de Paris... Cela m'étonne un peu... Mais, après tout, n'est-ce pas le seul copain qui m'ait apporté un peu d'aide quand j'étais en galère?

Je lui indique par téléphone que j'accepte de lui confier les mollusques dano-montiens (moules internes et externes naturels et moulages en élastomère) de ma collection à la seule condition qu'il respecte les nomenclatures spécifiques que je proposais (si valides) en les indiquant dans ses publications et qu'il me fasse éventuellement parvenir une copie en élastomère des espèces décrites...

 

A travers ce don  je lui confiais le fruit d'une recherche de plus de trente ans...

Espèces classées, nomenclatures faites, référencées dans un fichier, toutes protégées dans des boîtes plastiques... Un boulot de dingue dont il héritait. Au minimum une cinquantaine d'espèces nouvelles!

 

Et depuis???

 

J'ai reçu deux publications... Puis silence complet... A l'exception d'une relance épisodique, dans les premiers temps, pour, qu'encore, je lui "prête" une Gisortia n. sp.

 

J'en suis réduit à chercher sur le net ses nouvelles publications... Où celui-ci pourtant me remercie pour les échantillons que je lui ai fournis. Par exemple, seul le hasard m'a permi de lire, en pdf  la récente description Scaphella veliocassina donnée par J.M. Pacaud! Triste époque où les découvreurs sont méprisés par ceux qui publient sur les objets qu'ils n'ont pas eu la peine de récolter... Sur le terrain, les auraient-ils simplement remarqués?

 

Partager cet article
Repost0

commentaires